Le père de famille a été mis en examen ce 28 décembre pour homicides volontaires aggravés et placé en détention provisoire, a annoncé le procureur de la République, Jean-Baptiste Bladier. L'homme a aussi été inculpé pour tentative d'assassinat de son père.
Durant sa garde à vue, il a assuré qu'il avait «entendu des voix» lui demandant de «faire du mal» sans parvenir à «identifier un élément déclencheur de son passage à l'acte», toujours selon le procureur. «Il a précisé que, depuis les faits, il ne +ressentait rien+ et +se sentait vide+», a ajouté Jean-Baptiste Bladier. La question du suivi psychiatrique s'est posée d'emblée pour cet homme sous traitement pour des troubles psychotiques et dépressifs.
Selon Baptiste Bladier, il a «indiqué avoir pour habitude de prendre son traitement médicamenteux quotidien auquel il était astreint – dans un cadre non judiciaire – depuis 2019, mais ne pas l'avoir pris le 24 décembre dernier».
Les voisins alertés par des traces de sang sur le palier
Le jour de Noël, le 25 décembre vers 21h00, alertés par des voisins inquiets d'être sans nouvelles de la famille et ayant vu des traces de sang sur le palier, les policiers pénètrent dans l'appartement, par le rez-de-chaussée d'une résidence d'un quartier populaire de la ville de Meaux.
Ils découvrent une «scène de crime d'une très grande violence», a souligné le 26 décembre le procureur. Les corps sans vie de Béatrice, la mère de 35 ans, et de ses quatre enfants sont retrouvés dans différentes pièces.
D'après les résultats des autopsies pratiquées le 27 décembre, la mère et ses fillettes de 10 et 7 ans ont «été victimes d'une dizaine de coups de couteau chacune», «administrés avec une très grande violence». Les garçons de 4 ans et 9 mois sont «décédés d'une asphyxie consécutive à une noyade», a ajouté le procureur.
Le père de famille était titulaire d'un diplôme professionnel de plomberie, mais sans profession connue. Le suspect avait été interpellé le 26 décembre au matin devant le domicile de son père, à une trentaine de kilomètres de Meaux. La vidéosurveillance avait permis de suivre sa trace.
«Il aimait ses enfants, il aimait sa femme», a déclaré à la radio RMC le père du suspect, qui avait prévenu les policiers de la présence de son fils, après avoir refusé de lui ouvrir sa porte. «Peut-être que ce qu'il a fait là, c'était inconscient, qu'il ne savait pas ce qu'il faisait», a-t-il suggéré.
Un précédent, en 2019, classé sans suite
La sœur du suspect a été plus virulente: «On a beau me dire qu'il est fou, je m'en fous, je lui en veux», a-t-elle déclaré à RMC. «Pourtant il n'y a personne que j'aimais plus que mon frère, de sa naissance à ses quatre ans. C'est moi qui l'ai élevé. Je lui en veux d'avoir ôté la vie à Béatrice, et surtout dans ces conditions-là», a-t-elle ajouté.
Née en Haïti en 1988, Béatrice a été décrite par la sœur du prévenu comme «la femme forte, la femme battante, une vraie lionne», qui avait soutenu son mari même après qu'il l'eut poignardée à l'omoplate en 2019. La procédure avait été classée sans suite au motif d'un état mental déficient, une expertise avait été établie attestant une perte complète de discernement.
Le couple, formé depuis 14 ans et marié depuis octobre 2023, s'était connu au lycée. «Elle était toujours là pour le défendre. Il ne pouvait pas trouver meilleure femme. C'est elle qui gérait les médicaments de mon frère, ses rendez-vous médicaux, ses démarches administratives», a-t-elle décrit.