A l’occasion de son audition au Sénat le 27 novembre, le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux a fait état de 315 faits d'homicides ou tentatives d'homicide liés au trafic de drogue. Un chiffre qui témoigne d’une «augmentation de 57% par rapport à la même période en 2022».
Lors de cet entretien, dans le cadre de la commission d'enquête sur le «narcotrafic en France», le patron de la police s’est montré inquiet quant à la situation du narcotrafic dans l’Hexagone, déplorant une «progression continue de la production de stupéfiants».
Au-delà de cette production, le haut fonctionnaire évoque «une hausse des violences» liées aux trafics de stupéfiants. Depuis le début de l’année, 451 victimes de ces violences ont ainsi été recensées et 30% d’entre elles étaient âgées de moins de 20 ans, précise-t-il.
Le trafic «s'installe dans des logiques de vendetta»
Une violence qu’il rapproche d’une «méthode de représailles, qui malheureusement s'installe dans des logiques de vendetta, dont on ne voit jamais la fin». Et Frédéric Veaux d’expliquer que cette violence s’étend désormais à des «villes de taille moyenne, un peu partout sur le territoire».
Le directeur général de la police nationale a rappelé que le marché de stupéfiants était le «premier marché criminel au monde», pesant «250 milliards de dollars» annuels, rappelant les chiffres de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Les Français dépensent 4,2 milliards d’euros en drogues
En 2020, selon l’Insee, 4,2 milliards d’euros auraient été dépensés par les Français «pour s’approvisionner en produits stupéfiants», la première des drogues étant le cannabis, qui représente 80% de la consommation.
Face à ce phénomène d’ampleur, le directeur de la police ne préconise cependant pas la légalisation du cannabis, qui serait selon lui une «double peine» car «les trafiquants ne s’installent jamais dans un système de vente légale de cannabis, ils vont à la recherche d’autres produits».
Ces derniers mois en France, plusieurs épisodes de violences liées aux drogues ont marqué l’opinion. Dans la nuit du 25 au 26 novembre, un homme a été tué par une balle perdue à Dijon, et ce, alors qu’il dormait dans son lit.
Un drame qui rappelle celui de Marseille, où mi-septembre une jeune femme avait été fauchée dans son appartement par une rafale de kalachnikov tirée à l’aveugle depuis la rue. Le même mois, également dans la cité phocéenne, la vidéo d’une caméra de surveillance montrant un homme en train de tirer au fusil d’assaut en pleine rue avait été diffusée à la télévision. Ce règlement de compte avait fait plusieurs victimes collatérales.