«Pour la République, contre l'antisémitisme»: c'est derrière cette banderole que les présidents des deux chambres se sont lancés sur le parcours qui relie l'Assemblée au Sénat, aux côtés de la Première ministre Elisabeth Borne, dont le père de confession juive a été déporté, des ex-présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy et d'anciens chefs de gouvernement.
Selon les autorités, les actes antisémites ont explosé en France - plus de 1.000, un record -, depuis le début de la guerre Israël-Hamas.
A la veille de la marche, Emmanuel Macron a déploré «l'insupportable résurgence d'un antisémitisme débridé» dans une lettre aux Français publiée par le quotidien Le Parisien. Face à un phénomène «odieux», il a appelé à l'unité de la France «derrière ses valeurs, son universalisme».
Mais la marche et les manifestations en province - où plus de 70 rassemblements ont été annoncés - sont loin de refléter une union nationale, leur préparation ayant donné lieu à une féroce bataille politique sur la présence de la droite nationale, dont Marine Le Pen du Rassemblement national (RN) et Eric Zemmour de Reconquête.
La participation du RN de Marine Le Pen, «un parti politique créé par les héritiers de Vichy», ce n'est « pas de l'unité mais de l'indécence», a jugé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran en référence au régime de collaboration avec les nazis du maréchal Pétain.
«Nous sommes exactement là où nous devons être», a rétorqué Marine Le Pen. Un groupe de militants d'une organisation juive de gauche, Golem, a essayé de s'opposer à sa participation, rapidement contenu par la police.
«Fauteurs de haine»
La France insoumise (LFI, gauche radicale) de Jean-Luc Mélenchon, accusé d'ambivalences sur l'antisémitisme, ne participe pas à la manifestation du fait de la présence du RN, même si des Insoumis ont pris part à d'autres initiatives dimanche.
Par exemple à Strasbourg (Est), où certains de ses élus ont marché avec plusieurs milliers de personnes. D'autres rassemblements en province dans la matinée ont réuni 3 000 personnes à Lyon, autant à Nice.
Dans la capitale, un dépôt de gerbe organisé par LFI près de l'emplacement de l'ancien Vel d'Hiv -lieu de regroupement de juifs arrêtés par la police française avant leur déportation en 1942 - a été perturbé par des personnes brandissant des pancartes «Touche pas à la mémoire» et criant «collabos». L'œuvre d'«une dizaine d'excités», a réagi la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot.
«Plus de 3.000 policiers et gendarmes» ainsi que «des unités d'élite mobilisées» sont déployés dans la capitale, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
De nombreux représentants des cultes étaient aussi attendus, mais, dans un pays qui accueille l'une des plus importantes communautés musulmanes d'Europe, plusieurs responsables ou organes musulmans ont décliné l'appel, déplorant qu'il ne comporte «pas un mot sur l'islamophobie» et pointant des « amalgames » entre islam et antisémitisme.