Dans un rapport publié ce 17 octobre, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) anticipe un retournement du marché de l’emploi en France, avec un nombre de demandeurs d’emploi poursuivant sa hausse. Si elle ne serait que de 0,2 point d’ici la fin de l’année – en plus du 0,1 point enregistré au second trimestre par l’Insee –, cette tendance haussière pourrait s’accentuer nettement en 2024, selon l’organisme de recherche.
«La seconde moitié de l’année 2023, mais surtout l’année 2024, seraient celles du retournement de la courbe du chômage, ce dernier passant de 7,2% actuellement à 7,9% à la fin de l’année prochaine», notent les auteurs du rapport. «La faible croissance de l’activité et le rattrapage partiel des pertes de productivité passées auraient raison du fort dynamisme de l’emploi observé ces dernières années», poursuivent-ils, estimant que dans un tel contexte «la possibilité du plein-emploi s’éloignerait donc».
Une économie française moins résiliente qu’escompté
Les auteurs du rapport – qui se montrent bien moins optimistes dans leurs prévisions que le gouvernement français – soulignent le «freinage» de l’économie tricolore, dont la croissance est «passée de 4,6% fin 2021 à 0,7% au quatrième trimestre 2022». Un ralentissement «largement partagé» dans les pays développés, soulignent-ils, mais «plus marqué en France qu’au sein de la zone euro».
«La dynamique de rattrapage de l’économie vers son PIB potentiel a été stoppée net dans son élan au tournant de l’année 2022 en raison du rapide changement de l’environnement international», écrivent-ils notamment. Ils imputent également cet accroissement à venir du nombre de chômeurs en France à la prolongation de la période d’activité des Français, suite à la réforme des retraites.
D’ailleurs, le taux de chômage en 2024 pourrait même atteindre 8,5% dans le scénario le plus pessimiste de l’OFCE. En l’occurrence, en cas de hausse des défaillances d’entreprise ou «si 50%» de la hausse de la population active provoquée par la réforme des retraites «venait à basculer dans le chômage (contre 20% dans notre scénario central)», expliquent les auteurs.
Ces derniers «anticipent un accroissement de 0,6% sur deux ans de la population active, soit une hausse de 177 000 du nombre d’actifs sur la période 2023-2024 par rapport aux projections précédant la réforme des retraites».
Chômage, inflation... Ces indicateurs qui peuvent inquiéter
Ces prévisions de l’OFCE viennent notamment confirmer celles de la Banque de France. Mi-septembre, la banque centrale tricolore envisageait une hausse à 7,8% du chômage dans l’Hexagone à l’horizon 2025. «La situation des entreprises serait résiliente», temporisait néanmoins l’institution, «avec un taux de marge qui serait légèrement supérieur à celui observé avant la crise du Covid».
Même son de cloche du côté de l’Insee qui, dans le courant de l’été, avait constaté cette légère hausse de 20 000 demandeurs d’emploi au deuxième trimestre 2023. L’Institut national de la statistique estimait toutefois que le nombre de chercheurs d’emploi demeurerait «très proche de son plus bas niveau mesuré depuis le deuxième trimestre 1982 (7,1%)».
Une perspective de hausse du chômage qui vient s’ajouter à celle d’autres indicateurs sociaux économiques, comme celui de la précarité des Français qui doivent faire face à une inflation galopante, notamment en matière d’énergie.