«C’est un choix simple, en se disant qu’il y avait déjà eu assez de feux et d’artifices les derniers jours, et que ce n’était pas la peine d’en rajouter.» Le maire divers droite de Roubaix Guillaume Delbar fait partie de ces élus qui ont préféré annuler les festivités du 14 juillet. Les communes éprouvées par les émeutes ont majoritairement adopté la même attitude.
Des annulations qui fâchent à gauche comme à droite
Ces annulations n’ont cependant pas fait l’unanimité. Ainsi, le sénateur communiste de Seine-Saint-Denis Fabien Gay s’est insurgé contre des annulations qu’il considère comme punitives pour la population, en prenant pour exemple la mairie LR du Blanc-Mesnil. Dans cette ville fortement touchée par les émeutes, les autorités municipales ont communiqué sur l’annulation : «Les économies réalisées permettront de réparer les dégâts commis par les émeutiers», ont-elles justifié.
A cause des «voyous, on ne peut plus célébrer la fête nationale», a déploré sur les ondes de France Inter le LR David Lisnard, président de l’Association des maires de France. Dans une tribune parue dans Le Figaro Vox, l’ancien candidat à la présidentielle Eric Zemmour a également fustigé : «Pour le 14 juillet, on n’ose même plus célébrer la France.»
Des politiques locales asymétriques
Au niveau national, le gouvernement a publié un décret interdisant «la vente, le port, le transport et l'utilisation» des mortiers d'artifice pendant le week-end du 14 juillet sur l’ensemble du territoire. Ce texte ne s’applique cependant pas aux professionnels habilités.
Localement, les élus ont mené des politiques assez hétérogènes. Celles mises en place par les communes demeurent très variables en fonction de la couleur politique, et si l’agglomération a été touchée ou non par les émeutes. Un cadre général a cependant été fixé.
Les agglomérations les plus touchées ont cependant majoritairement recouru à l’annulation des festivités. C’est à Nanterre (Hauts-de-Seine), ville d’où ont démarré les émeutes, que la première annulation de feu d'artifice semble avoir été annoncée. A Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le maire LR Bruno Beschizza a annulé le feu d’artifice et le bal des pompiers. Il a rappelé sur la chaîne BFMTV Paris que sa ville avait cumulé 10 millions d’euros de dégâts lors des émeutes.
En Alsace, à Strasbourg, ville réputée pour ses feux de voiture le 14 juillet, une recommandation préfectorale a justifié l’interdiction des feux de Bengale pour tout le département du Bas-Rhin. La maire écologiste de la ville, Jeanne Barseghian, a également défendu la nécessité de ménager les forces de police : «C'est une marque de respect envers les policiers que de ne pas trop les solliciter après les émeutes.»
A Marseille, ville largement touchée par les émeutes, la mairie a toutefois maintenu le défilé militaire sur le Vieux Port et le feu d’artifice.
Dans le sud du pays, les annulations n’ont pas toujours eu pour motif l’aspect sécuritaire. Ainsi, les villes de Perpignan dans les Pyrénées-Orientales et de Nîmes dans le Gard ont invoqué le risque d’incendie dans une période de forte chaleur pour finalement remplacer les festivités pyrotechniques par des spectacles de lasers et de drones. Dans ces deux villes, les bals ont été maintenus.