La marche en soutien au maire de Saint-Brevin se fera sans… le maire de Saint-Brevin. Yannick Morez a annoncé qu’il ne serait pas présent à la marche organisée ce 24 mai à 17h dans la commune de Loire-Atlantique à l’appel du Parti socialiste et de l’Association des maires de France (AMF). Une manifestation en soutien au maire démissionnaire, donc, mais aussi pour dénoncer les violences à l’encontre des élus.
L’ex-édile divers droite regrette dans un communiqué publié sur Facebook le 23 mai au soir «la récupération politique, notamment de l’extrême gauche, de cette marche qui se voulait au départ transpartisane». Il y déplore également «la discrétion de la droite» sur le sujet, mais prendra toutefois la parole à la fin de l’événement.
«Je reçois sans arrêt des messages d’élus de tous bords qui me disent qu’ils seront présents», contrait ce 24 mai Johanna Rolland, maire socialiste (PS) de Nantes, qui avait lancé l’appel à manifester le 11 mai dernier.
Il semble pourtant qu’il ait été plus entendu à la gauche de l’échiquier politique. Philippe Ballard, député du Rassemblement national (RN) de l’Oise affirme que «le maire de Saint-Brevin a tout notre soutien», mais juge qu’il n’y «a pas besoin de faire une marche pour le prouver». La majorité présidentielle n’est pas non plus enthousiasmée par cet événement, à l’exemple de Yannick Haury, député Renaissance et conseiller municipal à Saint-Brevin. Il a expliqué qu’il ne souhaitait pas participer à cette manifestation «trop partisane».
A Saint-Brevin, la Nupes répond présent
A l’inverse, Marine Tondelier (secrétaire nationale du parti écologiste EELV), Jean-Luc Mélenchon (fondateur de La France insoumise, LFI) ou Fabien Roussel (secrétaire national du Parti communiste français), tous membres de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), seront de l’événement.
Peu étonnant quand on se souvient que LFI avait également appelé, le 15 mai dernier, à manifester le 24 dans la commune de Loire-Atlantique, lançant le slogan : «A Saint-Brevin ni nulle part, l’extrême droite ne gagnera pas.» Un événement qui se voulait «contre le racisme et pour la poursuite du projet de centre d’accueil de demandeurs d’asile» dans la bourgade, que soutenait Yannick Morez.
C’est en effet dans un contexte de vives tensions entre opposants et partisans du déménagement près d’une école maternelle d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) que le maire de Saint-Brevin avait fini par démissionner, le 10 mai dernier. Un geste fort qui a fait suite à plusieurs manifestations contre le Cada, à des menaces et à l’incendie de ses deux voitures le 22 mars dernier, acte souvent attribué à «l’extrême droite», bien que l’enquête soit en cours.
Les «sas d’accueil» de migrants se multiplient
L’édile entendait aussi dénoncer par son geste «l’abandon» de l’État en dépit de plusieurs alertes relatives à sa sécurité. Une affirmation contredite par Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, qui a fait état de plusieurs contacts téléphoniques entre le procureur de Nantes et Yannick Morez.
Les manifestations contre les Cada, comme celles organisées par le parti Reconquête à Saint-Brevin ou précédemment à Callac (Côtes-d’Armor) risquent en tout cas de se multiplier, si l’on en juge par le rapport parlementaire dévoilé le 23 mai. Ses auteurs, Mathieu Lefèvre et Stella Dupont – députés Renaissance du Val-de-Marne et du Maine-et-Loire – dressent un bilan «favorable» de la politique d’«orientation directive» visant à désengorger la région parisienne de ses immigrés et demandeurs d’asile. A l’approche des Jeux olympiques, le gouvernement souhaite accélérer cette politique et inciter les migrants campant dans les rues de la capitale à se rendre dans les «sas d’accueil temporaires» déployés dans toutes les régions, sauf les Hauts-de-France et la Corse.
Si Yannick Morez soutenait le projet de déménagement du Cada dans sa commune, Philippe Salmon, maire divers gauche de Bruz (Ille-et-Vilaine) n’est pas sur la même longueur d’onde. Le 23 mai, il a publié un communiqué dans lequel il s’inquiète de la future installation d’un «sas» destiné à des personnes sans domicile en provenance de Paris. «Nous ne sommes pas favorables à l’installation d’un tel sas sur notre commune, dans ces conditions que nous jugeons indignes», écrit l’édile.