«Les attaques contre Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, et contre sa famille sont indignes», a déclaré ce 11 mai Emmanuel Macron dans un tweet où il a réaffirmé sa «solidarité et celle de la Nation». Quelques heures plus tôt, depuis l’île de La Réunion, où elle a débuté un déplacement de trois jours, Élisabeth Borne avait jugé «très choquant» l'incendie du domicile du maire de Saint-Brevin-les-Pins, promettant de «mieux protéger» les élus. «Ce qui s'est produit est très choquant et je voudrais assurer le maire de tout mon soutien», a déclaré la cheffe du gouvernement.
Ces réactions, venues du sommet de l'Etat, font suite à l'annonce de la démission du maire de cette commune de Loire-Atlantique. Dans un article, paru dans Ouest-France le 10 mai au soir, l'élu local confie avoir adressé sa lettre de démission au préfet. Décision motivée par l’absence, à ses yeux, d’un quelconque soutien des autorités depuis l’incendie criminel de son domicile un mois et demi plus tôt.
Un sinistre au cours duquel «on a manqué de mourir», témoigne l’ancien élu, qui a décidé de déménager de cette commune où il vit depuis 32 ans par crainte pour la sécurité de sa femme et de leurs trois enfants. «J'ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l'incendie […] et au manque de soutien de l'État, et après une longue réflexion menée avec ma famille», explique-t-il au quotidien régional.
La passivité de l’Etat pointée du doigt
Cette bourgade côtière, située en face de Saint-Nazaire, est depuis plusieurs mois le théâtre de tensions entre opposants et partisans du projet de déplacement près d'une école maternelle du Centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) de la commune. Centre qui fut ouvert en 2016, afin d’accueillir des clandestins évacués de la «jungle de Calais».
C’est dans ce contexte que la maison de Yannick Morez avait été partiellement incendiée, dans la nuit du 21 au 22 mars 2023. Date depuis laquelle le maire dit n’avoir obtenu aucun soutien de la part des autorités, motivant sa démission. «Il n’a reçu aucun soutien de l’Etat dans les semaines qui ont suivi l’incendie de sa maison», abonde au micro de BFM TV Philippe Croze, président du collectif des Brévinois attentifs et solidaires, qui soutient le Cada depuis son ouverture. «Il est abandonné par l’Etat, dans la mesure où c’est un projet de l’Etat, ce transfert du Cada», insiste-t-il.
Même son de cloche du côté de David Samzun, maire de Saint-Nazaire. «Pour avoir servi la République et soutenu les peuples en détresse, il a été contraint de démissionner pour protéger sa famille», fustige l’édile socialiste.
Face à l’agitation médiatique entourant la démission du maire de Saint-Brevin, l’exécutif tient pour l’heure à rester prudent. «Si jamais il y avait eu des manquements, évidemment, je pense qu’on saura exactement et précisément ce qui s’est passé», tempère, ce 11 mai, Aurore Berger au micro de France Inter.
La présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale était notamment interpellée sur le fait que le maire démissionnaire dit avoir «eu Olivier Véran» au téléphone le soir même de l'incendie de son domicile. Quelques jours après le sinistre, l’élu avait écrit au ministre délégué chargé du Renouveau démocratique. Dans sa lettre, Yannick Morez interpellait Olivier Véran sur le «climat tendu fait de menaces et d'intimidations» auquel il assurait devoir faire face sans le soutien de l’Etat.
Renvoyant au rôle clé des préfets dans le soutien des maires, Aurore Berger a tenu à élargir «ce cas individuel qui est extrêmement grave» aux violences, que «malheureusement la quasi-totalité des élus de la République reçoivent».