Les plus au contact de leurs administrés, et les plus en danger. D'après les statistiques établies par l'Association des maires de France (AMF) dont Le Parisien s'est fait l'écho, pas moins de 1 500 agressions d’élus municipaux ont été recensées dans l'Hexagone en 2022, soit une hausse de 15 % par rapport à 2021.
«Ce chiffre est basé sur les faits connus dans la presse et sur les déclarations portées à l'observatoire», souligne l'association en précisant qu'il ne s'agit que d'une estimation basée sur du «déclaratif», tandis que les services du ministère de l'Intérieur doivent communiquer des chiffres consolidés dans les semaines qui viennent.
La moitié de ces agressions concerne des outrages, 40% des menaces et 10 % des «violences volontaires». Les circonstances des faits sont, dans 75% des cas, relatives «à des relations directes avec un administré», par exemple lorsqu'un maire «admoneste un administré sur un comportement incivil [...] qui débouche sur une altercation violente».
Les réseaux sociaux, par leur effet amplificateur, constituent un facteur «aggravant» du phénomène, alerte l’AMF, soulignant que la violence de propos tenus en ligne se transformant parfois en violence physique. Cette hausse peut tenir, pour l’association, à la «libération de la parole des maires» ou aux «crispations» d’une société «traversant des crises multiples». L'AMF évoque ainsi, pêle-mêle, les Gilets jaunes, la crise sanitaire et la contestation des restrictions associées, ou encore l’inflation.
Comme le relève Le Parisien, cette «inquiétante dérive» semble se confirmer depuis le début de l’année 2023, le quotidien citant le cas du maire de Firminy (Loire), visé fin janvier par des pierres après avoir rappelé à l’ordre des jeunes qui faisaient un feu en pleine rue près d’un point de deal. L'élu a reçu une blessure au coude et ne peut pas travailler pendant une quinzaine de jours. De la même manière, le maire de Lihus (Oise) a démissionné après avoir reçu des menaces de mort.
Les élus et collectivités peuvent aller en justice plus facilement
Un observatoire des agressions envers les élus a été créé depuis 2020, tandis que l'AMF a mis en place des «formations à la gestion des incivilités», en lien avec le GIGN, qui a été suivi par plus de 20 000 élus. En outre, une loi promulguée le 24 janvier permet aux associations d'élus, mais aussi à l'Assemblée nationale, au Sénat, au Parlement européen et à la collectivité territoriale concernée de se constituer partie civile, un droit réservé auparavant aux seules associations départementales de maires. La loi étend également le champ des infractions pouvant donner lieu à une constitution de partie civile à «tous les crimes et délits contre les personnes ou les biens» ainsi qu'à «tous les délits de presse».
Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a attiré l'attention des parquets sur le sujet dans une circulaire datée du 10 février qui énumère l'ensemble des dispositions de cette loi. Selon l'un des conseillers du ministre, contacté par le quotidien, «les parquets poursuivent systématiquement» les auteurs d’infractions visant les élus, mais avec des peines jugées parfois insuffisantes par les maires.