L'accueil des Ukrainiens en 2022 a coûté environ 630 millions d'euros à la France, a estimé le 28 février la Cour des comptes, une prise en charge exceptionnelle qui représente en moyenne le double du budget alloué aux demandeurs d'asile «classiques».
Un dispositif spécifique
Les près de 115 000 déplacés ukrainiens arrivés en France depuis un an ont été accueillis dans des «conditions satisfaisantes», grâce au régime inédit de la «protection temporaire» qui leur a permis de s'installer librement en bénéficiant d'une salve sans précédent de droits sociaux : accès au travail, aux services de santé, à la scolarisation des enfants, à l'hébergement d'urgence...
«Cette réactivité n'a pas été sans prix», a écrit la juridiction financière dans un rapport d'audit flash rendu public le 28 février. «L'ensemble des dépenses engagées par l'Etat et la Sécurité sociale pour la protection temporaire des Ukrainiens devrait s'élever à environ 634 millions d'euros pour l'année 2022».
L'essentiel de cette dépense est constitué de l'allocation versée à ces déplacés (218,46 millions) et l'hébergement (253,27 millions).
Le double en coût par rapport aux demandeurs classiques
La Cour des comptes a relevé un surcoût important, qui tient surtout «à l'urgence» dans laquelle cet accueil a dû s'organiser. Ainsi, le «coût unitaire» pour un Ukrainien a représenté en 2022 «presque le double de celui des dispositifs offerts aux demandeurs d'asile classiques», a souligné la Cour.
Dans le détail, pour l'hébergement, «le coût par place et par jour s'est élevé à 38 euros en moyenne nationale, là où la mise à l'abri de droit commun [...] est en moyenne inférieure à 20 euros et [inférieure] à 18 euros dans le dispositif national d'accueil des demandeurs d'asile», a-t-elle poursuivi.
L'autorité administrative a par ailleurs recommandé de «mieux encadrer l'hébergement citoyen», sur lequel pèse selon elle 40% du poids de l'accueil.
Depuis fin 2022, près de 900 foyers accueillant des déplacés ukrainiens perçoivent une aide financière de l'Etat, environ 150 euros mensuels, ce qui a représenté une enveloppe de quelque 786 000 euros, avait indiqué la semaine dernière à l'AFP le ministère du Logement.
Problème, a jugé la Cour, «la capacité à maintenir une indemnisation» n'est «pas garantie».