Les grévistes d'EDF ont procédé entre les 6 et 7 février à des baisses de production d'électricité de près de 4 500 MW, l'équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires, mais sans provoquer de coupures, pour s'opposer au projet de réforme des retraites, a-t-on appris auprès de la CGT et du site internet d'EDF.
Plusieurs centrales nucléaires, comme celle de Paluel (Seine-Maritime) et de Dampierre (Loiret), mais aussi la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) ou la centrale thermique de Martigues (Bouches-du-Rhône) étaient touchées, avec «de forts taux de grévistes» et des «filtrages à l'entrée des sites», selon Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT.
Des futures coupures de gaz ?
A la centrale de Chinon (Indre-et-Loire), les grévistes ont à l'inverse retardé le débranchement prévu du réacteur numéro 1 pour maintenance, ce qui va décaler la période de travaux, prévue jusqu'en octobre.
Les baisses de production menées par les grévistes, strictement encadrés par le gestionnaire des lignes à haute tension RTE, n'entraînent normalement pas de coupures de courant pour les usagers.
RTE, chargée d'assurer la sécurité de l'approvisionnement en électricité, peut envoyer des messages de sûreté aux grévistes si elle estime que les baisses de production font courir le risque de coupures. A charge ensuite pour les salariés de les respecter.
Côté gaz, le site de stockage souterrain de Gournay-sur-Aronde (Oise), de Storengy, filiale d'Engie, fait également l'objet de barrages filtrants «depuis 05h30 ce matin» afin de protester notamment contre la volonté du gouvernement de porter de 62 à 64 ans l'âge légal de départ en retraite, selon Fabrice Coudour.
«On a lancé un appel pour l'ensemble des sites Seveso gaz de la France. On verra comment ça va être pris en compte», a déclaré à l'AFP Frédéric Ben, responsable du secteur gaz à la FNME-CGT.
A ce stade, «il n'y a pas d'action spécifique» sur les installations, et «les entrées et sorties de gaz vont être normales», a assuré Frédéric Ben, qui ajoute que les grévistes devaient empêcher les entreprises extérieures et les prestataires de pénétrer sur le site pour effectuer des réparations et des opérations d'entretien.
«Ces opérations vont être reportées et si le mouvement perdure, si elles ne se font pas, ça aura forcément par la suite un impact sur les émissions de gaz», a ajouté M. Ben.
Les salariés de Storengy qui souhaitent travailler sont en revanche libres de rentrer sur le site.
Gournay-sur-Aronde est le seul site de Storengy stockant du gaz B (gaz à bas pouvoir calorifique, qui se distingue par sa teneur plus élevée en azote), ce qui «lui confère une position stratégique déterminante dans l'approvisionnement du réseau Nord, puisque cette partie du territoire est uniquement alimentée en gaz B», souligne le groupe sur son site internet.