Alors que le parti présidentiel et ses alliés nourrissent l’espoir de décrocher une majorité dans l’hémicycle du Palais Bourbon grâce au soutien des Républicains (LR), toutes leurs voix ne semblent pas acquises à la réforme des retraites.
Selon un décompte réalisé par France Inter, seuls 15 des 62 députés LR voteraient pour la réforme, soit moins que les 16 qui ont d’ores et déjà affirmé au média qu’ils voteraient contre le texte. Un non-alignement d’élus qui enchante d’autant moins le parti au pouvoir que, comme l’a rappelé ce 25 janvier sur France Info Olivier Marleix, président du groupe à l’Assemblée, LR ne donnerait pas de consigne de vote.
«Beaucoup attendent de voir quel sera le texte qui sortira au Parlement», assure le député d'Eure-et-Loir. Présenté le 23 janvier en Conseil des ministres, le texte doit arriver en commission le 30 janvier. Si Olivier Marleix assure qu’au sein de son groupe la «conviction» qu'«il faut faire une réforme des retraites» demeure et que les points d'accord déjà trouvés avec le gouvernement «ne sont contestés par personne», le patron des députés LR estime que certains points peuvent encore être améliorés.
Carrières longues et disparités hommes–femmes au cœur de la discorde
Le retrait du «hold-up» sur les retraites du privé, la revalorisation des petites pensions – y compris celles des actuels retraités – ainsi qu’un recul à 64 ans de l’âge de départ au lieu de 65 sont les «trois préalables» des Républicains qui ont été acceptés par le gouvernement. Reste toutefois, aux yeux d’Olivier Marleix, une problématique de taille concernant l’impact plus important de cette réforme sur les femmes que sur les hommes. «C’est l’un des bugs révélés à l’analyse du texte : pour certaines femmes, l’avantage des huit trimestres par enfant disparaît», souligne le député.
Pour autant, ce dernier refuse de parler de «ligne rouge» sur ce point, contrairement au député du Lot Aurélien Pradié. Lors d’une interview sur le plateau de LCI le 18 janvier, il expliquait que cette disparité entre les genres face à cette réforme, ainsi que de ne pas «respecter celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt», constituaient à ses yeux des «lignes rouges».
«J'ai tout intérêt à voter contre si je veux être réélu»
«Je ne lâcherai pas», a insisté auprès de Ruth Elkrief ce vice-président des LR. Lui qui, déjà, met en doute la parole du gouvernement sur la revalorisation promise des petites retraites.
Même ton de défiance du côté de Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France. Bien qu’il ne soit plus député, l’ex-monsieur retraite de l’UMP a assuré ce 25 janvier sur LCI que s’il était encore député, il ne voterait pas cette réforme. Une réforme qui, selon lui, manque de «justice». «C'est une réforme de gens qui vont bien pour les gens qui vont bien», affirmait-il sur BFM TV le 11 janvier. L’ancien prétendant à l’investiture LR pour les présidentielles prend ainsi le contre-pied du président du parti, Eric Ciotti, qui a obtenu les concessions du gouvernement et qui défend l’actuelle mouture du texte auprès des syndicats.
La cause de cette fracture reste l’hostilité des adhérents LR et des électeurs. «Si on ne vote pas ce truc-là, on n'a plus d'aventure collective. J'ai tout intérêt à voter contre si je veux être réélu, mais alors on perd toute crédibilité», déclare à l’AFP un député LR partisan de la réforme. Egalement sondé par l’agence de presse, le parti présidentiel s’agacerait quant à lui de ces Républicains qui «charge[nt] la barque».