Le tribunal de Lille a condamné ce 13 décembre le député LFI du Nord Adrien Quatennens à 4 mois de prison avec sursis pour «violences sans incapacité commises par conjoint» entre octobre et décembre 2021, ainsi que pour «envoi régulier et malveillant de messages» à son épouse, par SMS et WhatsApp, entre août et septembre 2022.
En plus des quatre mois de prison avec sursis, le tribunal a condamné le député à verser 2 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral. Cette peine a été proposée par la procureure de la République de Lille à Adrien Quatennens, qui l'a acceptée. Elle a ensuite été homologuée publiquement par un juge, à l'issue d'un huis clos prononcé pour «assurer le respect de la vie privée et intime des personnes» ainsi que la «sérénité des débats». Son épouse Céline était présente dans la salle d'audience, accompagnée d'un avocat.
Quatennens radié pendant quatre mois du groupe des députés LFI
Exclu des activités de son groupe depuis trois mois, l'ex-numéro 2 de LFI fera-t-il son retour dans l'hémicycle ? Dans la foulée de la condamnation, les députés insoumis ont annoncé qu'Adrien Quatennens serait écarté temporairement de son groupe politique à l'Assemblée, pour une durée de quatre mois, soit jusqu'au 13 avril 2023.
«Fidèles à notre engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes, nous nous devions de prendre collectivement une décision politique», affirment les députés, précisant que le retour d'Adrien Quatennens est «conditionné à l'engagement de suivre un stage de responsabilisation sur les violences faites aux femmes».
Fin novembre, plusieurs figures de la Nupes, la coalition de gauche dont fait partie LFI, avaient jugé impossible le retour d'Adrien Quatennens dans l'hémicycle. Le groupe LFI avait lui dit attendre la décision de la justice avant de se prononcer.
Mais la veille du jugement, le 12 décembre, les cadres du parti ont très clairement ouvert la porte. «Le sujet sur lequel nous réfléchissons, c'est quelles sont les conditions, quelles sont les modalités d'un éventuel retour», a ainsi déclaré sur France Inter le député LFI des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard, qui doit bientôt prendre la tête de la nouvelle coordination de LFI. «Personne» au sein du groupe parlementaire ne considère qu'un «retour est impossible», a-t-il assuré, au moment où son parti est plongé dans des querelles internes sur sa direction.
Le jour même, la députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a quant à elle insisté dans Libération sur la nécessité de «prendre au sérieux la parole de Céline Quatennens», mais aussi de se soucier de la «réhabilitation d'Adrien Quatennens, sujet souvent éludé». L'intéressé, lui, «compte revenir», mais se pliera aux «conditions soumises par le groupe», a affirmé son entourage, cité par l'AFP.
Engagé dans une procédure de divorce conflictuelle, Adrien Quatennens n'a pas pris la parole depuis la révélation de l'affaire mi-septembre dans le Canard enchaîné, en dehors d'un long communiqué sur Twitter pour annoncer son retrait du poste de coordinateur LFI.
Son épouse Céline, qui a porté plainte en septembre après avoir d'abord déposé deux mains courantes, a dénoncé deux mois plus tard dans un communiqué à l'AFP des «violences physiques et psychologiques» exercées depuis «plusieurs années» par son mari, évoquant «ses colères» et «ses crises».
Jean-Luc Mélenchon, qui avait dans un premier temps affiché son soutien à son poulain, provoquant l'ire des militants féministes et une crise chez LFI, ne s'est pas exprimé depuis.