Le monde politique a réagi ce 4 novembre après la plus lourde sanction prononcée contre un député, visant un élu du Rassemblement national (RN), Grégoire de Fournas, accusé d'avoir tenu des propos racistes.
Le RN dénonce une «manipulation» de La France insoumise (LFI), Marine Le Pen évoquant une polémique «grossière». «Nous sommes jugés par nos adversaires politiques», a réagi l'ex-candidate à la présidentielle après l'annonce de la sanction.
Pour le député RN Jean-Philippe Tanguy, «au moins c’est clair» : «Grégoire de Fournas n'est pas puni pour les propos qu’il a tenus mais pour… une scène tumultueuse au nom au titre de l’Art. 70-1 du Règlement de l’Assemblée. Cette mascarade finit donc comme elle a commencé : une insulte à la vérité et à la démocratie.»
Quant à l'intéressé, le député Grégoire de Fournas, il a tweeté : «Je suis totalement innocent des faits que l’on me reproche. Je ressens cette sanction d’une dureté inouïe avec une grande injustice. Mais respectueux de l’institution, je m’y soumets.»
Une sanction soutenue par la gauche et la majorité
Le reste de la classe politique a quasi-unanimement condamné les propos de Grégoire de Fournas et soutenu la sanction à son encontre.
A gauche, le député LFI Carlos Martens Bilongo a exprimé son soulagement à l'annonce de la sanction contre le député RN : «Mon groupe et moi sommes soulagés. C'est la sanction maximale, c'est la deuxième fois qu'elle est prononcée et c'est une bonne chose, c'est ce que nous souhaitons», a déclaré l'élu de gauche lors d'un point presse.
Auprès de La Chaîne parlementaire, le député LFI Manuel Bompard a affirmé que son parti considère «qu'il n'est plus possible que les séances de l'Assemblée nationale puissent être présidées par des vice-présidents issus du Rassemblement national». L'exclusion des vice-présidents RN a été appuyée par plusieurs élus LFI.
Pour le parlementaire Renaissance (ex-LREM), Thomas Cazenave, la sanction «n’efface en rien la gravité de ces propos qui devrait conduire [Grégoire de Fournas] à démissionner».
Le député du MoDem (allié de la majorité présidentielle) Luc Geismar a déclaré avoir «évidemment choisi en pleine conscience de confirmer [la] sanction [de censure avec exclusion temporaire] pour condamner fermement ces propos racistes indécents».
La droite pas forcément au diapason
Chez Les Républicains, les prises de position sont plus partagées.
Le député LR de La Manche Philippe Gosselin a soutenu la lourde sanction contre l'élu RN et note un «moment solennel ce vendredi». «Notre assemblée doit être ferme sur les principes, la tenue de nos débats», a-t-il poursuivi.
L'eurodéputée Nadine Morano a en revanche expliqué sur BFM TV que «si les explications de Grégoire de Fournas, qui nie toute intention raciste, [étaient] véridiques, "je ne vois pas quelle sanction il mérite"». Elle a dénoncé «un procès politique» envers le député RN.
L'eurodéputé proche d'Eric Zemmour, Gilbert Collard, a constaté que LFI avait «monté une opération de propagande incroyable avec l'aide de la Macronie». «Ce sont des escrocs de la morale et l'antiracisme est une industrie pour eux», a-t-il dénoncé sur Twitter.
En cause, la déclaration : «Qu'il retourne en Afrique»
Grégoire de Fournas a reconnu avoir lancé le 3 novembre «Qu'il retourne en Afrique», lors d'une intervention de l'élu LFI Carlos Martens Bilongo, qui s'exprimait sur le «drame de l'immigration clandestine» pendant la séance de questions au gouvernement.
Le député de Gironde a nié catégoriquement tout caractère raciste dans son propos, assurant parler du bateau humanitaire Ocean Viking bloqué en mer avec 234 migrants, et pas de Carlos Martens Bilongo, élu noir du Val-d'Oise. Il a dénoncé une «manipulation de LFI» visant à lui prêter des «propos dégueulasses».
En tout état de cause, le député RN a été sanctionné par l'Assemblée nationale, qui l'a exclu pour 15 jours et se voit privé de la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois.