Une nouvelle illustration de la poussée des revendications à caractère religieux dans les établissements scolaires ? Comme le relate France Bleu, 150 lycéens et étudiants ont manifesté le 19 octobre devant le lycée Ambroise Brugière de Clermont-Ferrand, afin de revendiquer le droit de porter des vêtements larges tels que les abayas dans l’enceinte de cet établissement public.
Selon le média local, des étudiants de l'Unef auraient partiellement bloqué l'entrée principale, avant d'être rejoints ensuite par des lycéens membres de La voix lycéenne. Selon Le Figaro, le slogan figurant sur les tracts distribués était «Mon style vestimentaire c'est mon choix l'école n'y touchera pas !». Plus précisément, le rassemblement visait à protester contre une nouvelle règle de l'établissement imposant à l'équipe pédagogique de signaler les élèves qui auraient pour habitude de porter des tenues amples à caractère religieux, telles que les abayas. D'après France Bleu, ladite règle aurait déclenché des difficultés avec certains élèves et leurs parents, conduisant les enseignants à décider de ne plus l'appliquer. «Une dizaine de tenues ont été signalées pour environ 1 300 élèves», précise le média.
Si le proviseur a affirmé qu'il n'y avait «pas de problème de laïcité» dans l'établissement, le rectorat de Clermont-Ferrand a envoyé une équipe d'agents pour dénouer la situation et rencontrer les manifestants, qui ont ensuite été reçus, avant que le rassemblement s'achève dans le calme.
La droite dénonce une offensive contre la laïcité
«L’islamisme n’a pas sa place chez nous», a réagi le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, affichant sa fermeté. «Nos lycées doivent demeurer des sanctuaires et nous ne reculerons jamais devant ceux qui contestent nos règles et nos valeurs», a-t-il martelé. Un communiqué de la région a aussi fustigé une «manifestation [qui] vise à remettre en cause un principe sacré de notre République : la laïcité», et préconisé «l’intransigeance la plus totale à l’endroit des élèves» qui tenteraient de se soustraire aux lois républicaines.
«Comment ne pas voir l'offensive islamogauchiste qui est dangereusement à l'œuvre !», s'est exclamé le porte-parole du parti zemmouriste Reconquête! Gilbert Collard, pointant la convergence entre l'Unef et les porteurs de revendications religieuses.
L'affaire intervient peu après les fortes tensions qui ont eu lieu au lycée Joliot-Curie de Nanterre (Haut-de-Seine), débouchant sur des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre. Le conflit dans cet établissement découlait d'une accumulation de crispations entre direction, professeurs et élèves, qui portaient en partie sur des décisions d'autoriser ou non le port des abayas, là aussi dans le prolongement du durcissement de la position du gouvernement sur le sujet.
Le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye a fait état, au cours d'une interview sur France 2 le 4 octobre, d'une hausse du nombre de signalements relatifs à des tenues islamiques depuis un an, évoquant comme explication l'activisme d'«agitateurs professionnels qui ne veulent ni de bien à l'école ni à la République». Il s’est déclaré «vigilant» sur le sujet des tenues religieuses au sein des établissements scolaires, affirmant que «la règle, c’est la fermeté» dans l'application de la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles à l'école.
Il a évoqué dans ce cadre «l’appui aux chefs d’établissements par les cellules valeurs de la République», en référence aux équipes constituées au niveau des rectorats pour veiller au respect de la laïcité dans les établissements. Le 17 octobre, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a appelé les préfets à épauler l'Education nationale dans ces dossiers d'atteintes à la laïcité, afin de «soutenir la communauté éducative dans une indispensable réaction de grande fermeté».