France

L'Elysée veut installer à la tête d'EDF un «spécialiste des privatisations», les oppositions outrées

Emmanuel Macron suggère de nommer à la tête d'EDF Luc Rémont, actuel dirigeant de Schneider Electric, en remplacement de Jean-Bernard Lévy, pour relever le défi d'une relance de la production nucléaire. Mais son profil fait polémique.

L'Elysée a préconisé le 29 septembre de nommer à la tête d'EDF Luc Rémont, en remplacement de l'actuel PDG du géant français de l'électricité Jean-Bernard Lévy.

A 53 ans, l'actuel responsable des opérations internationales de Schneider Electric devrait donc devenir le nouveau pilote du vaisseau EDF, fragilisé par sa situation financière et devant probablement relancer sa filière nucléaire avec la construction de réacteurs EPR, tout en poursuivant possiblement la fermeture de 12 réacteurs nucléaires existants.

L'Elysée a officialisé son choix, sur «proposition» du Premier ministre, en précisant que le Parlement devra donner son aval à cette nomination.

Marianne rappelle quelques faits d'armes de Luc Rémont, le «spécialiste des privatisations» : «Privatisations d'ADP, d'Areva et cotation en bourse d’EDF en 2005 ou conseil d'Alstom à la banque Merrill Lynch lors de la vente de la branche énergie à General Electric.»
La Lettre A souligne pour sa part que «cette banque conseillait Alstom lors de la vente controversée de sa branche énergie à [l'américain] General Electric».

Son profil suscite par voie de conséquence quelques inquiétudes.

L'ancienne candidate du Rassemblement national à la présidentielle Marine Le Pen pointe du doigt le fait que «le banquier d’affaires Luc Rémont [...] avait supervisé la vente de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric». «Un hasard ?», questionne-t-elle.

Pour le député de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, EDF est «en danger». «Emmanuel Macron veut nommer Luc Rémont l’ex-banquier d’affaires de Bank of America Merill Lynch avec lequel il avait dépecé Alstom. Assez du pillage de nos industries», s'exclame-t-il.

Le député Les Républicains, Olivier Marleix, s'interroge également : «Une seule question à poser au candidat proposé par l'Elysée : s’opposera-t-il au projet Hercule de démantèlement d’EDF ?»

La sénatrice de Gauche républicaine et socialiste Marie-Noëlle Lienemann remarque qu'«un financier, banquier n’est pas un bon choix pour EDF car les enjeux sont industriels et de service public». «Il a travaillé pour sa privatisation ! Un autre plan Hercule à redouter à la direction d’EDF : Luc Rémont, un profil public-privé très Macron-compatible», ajoute-t-elle.

Le futur PDG remplacera Jean-Bernard Lévy, aux manettes depuis 2014, bientôt atteint par la limite d'âge mais dont le départ anticipé a été annoncé dès cet été en même temps que la renationalisation d'EDF à 100%.