«Quand on apprend ça, c'est désagréable» : c'est ainsi que le ministre français des Affaires étrangères a qualifié les révélations le concernant.
A Malte, François Hollande s'est également exprimé sur le sujet, en marge d'un sommet sur les migrations: «Nous demandons que toutes les informations nous soient communiquées, parce qu'on ne peut pas comprendre qu'il puisse y avoir ce type de pratiques entre alliés». Le président français a également précisé: «Je sais que la chancelière fera tout pour nous dire exactement les circonstances qui ont été celles qui ont conduit à écouter un ministre de la République française», tout en indiquant vouloir «la vérification» que ces écoutes ont cessé.
Laurent Fabius a également été interrogé sur ce sujet alors qu'il se trouvait aussi à Malte; il a annoncé «un rapprochement de l'ambassadeur avec les Allemands pour voir ce qu'il en est». Il a ainsi également précisé : «La chancelière allemande Angela Merkel m'en a parlé et à sa connaissance c'était quelque chose d'indirect. Maintenant nous allons faire le point tous les deux et j'ai demandé a l'ambassadeur d'Allemagne de se renseigner plus précisément».
Si la Berlin-Brandebourg (rbb), la radio allemande à l'origine de ces révélations, ne cite pas ses sources, elle affirme toutefois que «Laurent Fabius a été mis sur écoute par le BND» les services de renseignement extérieurs allemands, vraisemblablement entre 2008 et 2011.
Une liste de 900 pages
La radio révèle l'existence d'une liste de 900 pages de numéros de téléphone, emails, adresses IP rassemblés le BND. Les députés membres de la commission enquêtant sur cette surveillance y ont eu accès.
Cette révélation constitue une péripétie dans le scandale plus large des écoutes opérées par les services allemands pour le compte de la NSA et pour le leur. Des institutions de pays européens alliés de l'Allemagne avaient été écoutés tels l'Elysée mais également le Quai d'Orsay et la Commission européenne.
Outre Laurent Fabius, la rbb affirme que d'autres personnes ou organismes ont été écoutés: elle cite ainsi pêle-mêle l'Unicef, l'OMS, le FBI, l'Unicef, Voice of America, la CPI ainsi que de nombreuses d'entreprises européennes et américaines, dont l'entreprise d'armement Lockheed.
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Autre cible, Hansjörg Haber, un diplomate allemand à Bruxelles qui avait dirigé la mission d'observation de l'Union européenne en Géorgie entre 2008 et 2011. Or la Constitution allemande interdit expressément l'espionnage de citoyens allemands.
«L’espionnage entre amis, cela ne va pas du tout»
Ces révélations ne peuvent qu'embarrasser la chancellerie, qui est constitutionnellement chargée de contrôler les activités des services secrets. En guise de bonne volonté, le ministre allemand de la Justice Heiko Maas avait demandé en octobre dernier l'instauration de contrôles plus stricts du BND, après qu'aient été révélées les écoutes non autorisées d'ambassades de pays alliés. Il avait également assuré qu'un contrôle renforcé de ses services de renseignement et de la coopération entre le BND et la NSA serait décidé.
Angela Merkel avait eu elle-même à se plaindre de cette écoute généralisée entre alliés. «L'espionnage entre amis, cela ne va pas du tout», avait-elle alors déclaré après qu'ai été révélé la mise sur écoute de son téléphone portable par la NSA.