Le secrétaire national du Parti communiste (PCF) Fabien Roussel appelle le 9 septembre les mairies et les collectivités territoriales mais aussi les entreprises à ne pas «payer leurs factures d'électricité quand celles-ci augmentent dans des proportions inacceptables», dans un entretien au Parisien, le jour du lancement de la Fête de l'Humanité.
Villes et villages «qui n'ont pas accès au tarif réglementé de l'électricité n'ont pas vocation à se faire tondre», poursuit le député du Nord, évoquant «un appel à la résistance républicaine».
«Ce qui est en jeu, c'est la fermeture de nos piscines, de nos théâtres, le chauffage de nos écoles ou de nos Ehpad. On verra bien si ces groupes privés osent couper l'électricité», explique-t-il.
Les collectivités sont soumises au marché, sans bouclier tarifaire
Jean-Pierre Bosino, le maire communiste de Montataire, une commune de 13 600 habitants près de Creil (Oise), avait menacé fin août «d'arrêter de payer» l'électricité de sa ville si rien n'était fait pour soulager les collectivités qui, contrairement aux particuliers, sont soumises au prix du marché, sans bouclier tarifaire.
Les prix de l'électricité pour 2023 sur le marché de gros ont battu fin août un record pour la France, atteignant plus de 1 000 euros le mégawatt/heure (MWh), contre environ 85 euros le MWh il y un an.
«On se retrouve dans une situation complètement dingue où des maires vont devoir choisir entre les activités périscolaires des gosses, les piscines ou payer ces factures», a déclaré de son côté Ian Brossat, porte-parole du PCF à l'antenne de Sud Radio.
C'est trop facile de rejeter la responsabilité sur dos de Poutine et de la guerre en Ukraine
Pour Fabien Roussel, l'Etat doit «compenser la différence» entre le tarif réglementé et celui effectivement facturé, la France doit «sortir du marché européen de l'énergie [et] investir massivement dans nos centrales nucléaires qu'on a abandonnées». «C'est trop facile de rejeter la responsabilité sur dos de Poutine et de la guerre en Ukraine quand on sait que c'est le fruit de 15 ans de déréglementation sous Sarkozy, Hollande et Macron», lance-t-il.
Interrogées par l'AFP, plusieurs associations d'élus reconnaissent qu'il y a un problème tout en refusant d'appeler à la désobéissance civile.
«Fabien Roussel fait de la politique, cette idée d'appeler les maires à ne pas payer est une idée que j'entends mais ce n'est pas à mon sens une réponse efficace aux difficultés que nous rencontrons», a réagi Guy Geoffroy, maire Les Républicains de Combs-la-Ville (Seine-et-Marne) et vice-président de l'AMF. «Il y a une différence entre la réalité constatée de ne pas pouvoir physiquement être en situation de payer une facture mais c'est une autre chose que de refuser de la payer», a-t-il ajouté.
«Il est évident que les associations d'élus ne peuvent donner la consigne de ne pas payer leurs factures mais Fabien Roussel pose une vraie question car beaucoup de communes sont à l'os», a déclaré de son côté André Robert, délégué général de l'Association des petites villes de France (APVF).
«On ne peut pas cautionner ce genre de message. Il y a un travail qui est fait au niveau européen pour arriver à réguler les prix de l'énergie et on compte sur les pouvoirs publics pour mettre en place un outil de régulation», fait de son côté valoir Sébastien Martin (divers droite), président d'Intercommunalités de France.