France

«Ma vie est en danger» : Yassine Bellatar annonce mettre fin à sa carrière

Invoquant les nombreuses menaces de mort qu'il a reçues, l'humoriste a déclaré qu'il préférait cesser ses spectacles dans l'Hexagone. Il a également estimé que «la parole musulmane n'existe même plus médiatiquement».

«C'est devenu invivable» : c'est ainsi que l'humoriste Yassine Bellatar a qualifié sa situation dans un entretien au site marocain Yabiladi diffusé le 30 août sur YouTube, au cours duquel il a annoncé mettre un terme à sa carrière. Il y affirme que sa vie est «en danger» en raison des nombreuses menaces de mort reçues de la part de «gens d'extrême-droite» en France.

«La dangerosité [...] est venue du public», a-t-il développé, estimant que la situation s'est à ce point dégradée non pas de son fait, mais en raison des réactions hostiles que ses spectacles ont suscitées. «Quand je fais de l'artistique, normalement c'est un terrain de jeu, où normalement [...] il n'y a pas de limites», a-t-il plaidé. Or, il aurait justement trouvé cette limite en France et ne serait plus en mesure de «travailler sereinement». 

Les menaces de mort le visant, ainsi que ses proches, seraient ainsi devenues quotidiennes. En particulier, un message publié sur Twitter faisant explicitement référence à l'attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande et menaçant s'en prendre sur le même mode opératoire à un de ses spectacles, l'a convaincu d'arrêter son activité. En effet, même s'il affirme que la peur a stimulé sa créativité pendant un temps, le fait d'être accompagné de quatre gardes du corps lors de ses déplacements à Paris, ajouté à des honoraires d'avocat équivalant au «budget du Burundi», l'ont amené à prendre la décision de se retirer de la scène.

La parole musulmane n'existe plus médiatiquement

Convaincu qu'un danger pèse sur les musulmans résidant en France, Yassine Bellatar a déploré par ailleurs l'absence de porte-parole crédible au sein de cette communauté. «La parole musulmane n'existe même plus médiatiquement», a-t-il jugé, affirmant que celle-ci est «soit absolument caricaturale, comme l'imam [Hassen] Chalghoumi [président controversé de l'association culturelle des musulmans de Drancy], soit totalement obsolète, et pardon de dire ça, c'est celle de nos parents».  

Affirmant n'avoir «aucun goût d'inachevé», l'humoriste se produira néanmoins au Maroc les 27 et 29 septembre 2022, se disant persuadé d'avoir une «nouvelle page» à écrire dans ce pays.

Sa décision intervient après une longue série de controverses et de polémiques : accusé par certains de complaisance avec l'islamisme, Yassine Belattar, ancien soutien de François Hollande et d'Emmanuel Macron, a croisé le fer avec plusieurs intellectuels issus de la droite, dont Pascal Bruckner et Eric Zemmour. Fin 2021, l'équipe du média en ligne Livre noir avait porté plainte pour séquestration, extorsion et menaces de mort contre l'humoriste, l'accusant d'avoir retenu certains de ses membres, de force, dans son théâtre, une version qu'il avait démentie et qui l'avait conduit en retour à déposer une main courante.