Entretiens

Sommet de Singapour : «Il est anormal et dangereux qu’une seule puissance dicte sa loi au monde»

Spécialiste des relations internationales, Alain Corvez décrypte le sommet entre Pyongyang et Washington. Il estime que Kim Jong-un est parvenu à imposer ses conditions et que la dénucléarisation ne se fera qu'au prix de concessions américaines.

Invité du journal télévisé de RT France le 12 juin, l'ex-conseiller en relations internationales au ministère français des Affaires étrangères Alain Corvez est revenu sur le sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un, qui a eu lieu le même jour à Singapour.

Le spécialiste concède que c'est un «événement très important pour la paix du monde», mais il apporte un bémol : «Il est quand même anormal et dangereux pour la planète qu'une seule puissance [...] dicte sa loi au monde, à la Corée, l'Iran, la Russie, en décrétant des sanctions que non seulement elle va appliquer mais qu'elle demande aussi au reste du monde d'appliquer.»

Contrairement aux apparences, pourtant, Alain Corvez souligne que si la rencontre a pu avoir lieu, c'est que «Donald Trump en est venu aux conditions exigées par Kim Jong-un», et non l'inverse.

En effet, pour le colonel Corvez, le dirigeant nord-coréen «a refusé la formule proposée initialement par les Etats-Unis, qui était de démanteler l'arsenal nucléaire coréen complètement, de manière vérifiable et irréversible». Les deux pays se sont en revanche entendus sur la «démilitarisation de la péninsule», où Washington possède de nombreuses installations militaires. Pyongyang devrait ainsi négocier le démantèlement de son arsenal contre des garanties américaines, par exemple la levée des sanctions. Un processus qui s'annonce long.

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