Entretiens

L'arme nucléaire, «une assurance vie» pour la Corée du Nord «sous menace permanente» (VIDEO)

Invitée du journal de RT France, Juliette Morillot, historienne spécialiste de la Corée du Nord, revient sur la détente annoncée entre Pyongyang et Washington. Selon elle, plutôt qu'un revirement, Kim Jong-un a au contraire une certaine constance.

En l'espace de quelques semaines, les relations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis, jusque-là exécrables ont connu un basculement total. Donald Trump a accepté le 8 mars la main tendue par Kim Jong-un. Oublié le temps où Donald Trump, en août 2017, menaçait Pyongyang du «feu et de la fureur» nucléaire en réponse aux essais balistiques de l'armée nord-coréenne.

Dans une inquiétante escalade verbale, la Corée du Nord avait, entre autres, menacé en septembre de réduire les Etats-Unis «en cendres» et même de «couler» le Japon. Oubliée donc, apparemment, la série de menaces, et même d'insultes, qui ont jalonné l'automne. En septembre 2017, le président nord-coréen Kim Jong-un traitait ainsi son homologue américain entre autres de «gâteux» et de «chien apeuré». «Si les Etats-Unis se comportent de manière à nier le droit à notre Etat d'exister nous leur ferons payer cher, par le juste pouvoir de notre arsenal nucléaire», avait pour sa part déclaré l'ambassadeur nord-coréen en Russie, Kim Yong-jae.

La Corée du Nord aspire à traiter d'égal à égal avec les grandes puissances

Et c'est en effet, d'après Juliette Morillot, historienne et spécialiste de la Corée du Nord, ce «droit d'exister» qui semble sous-tendre toute la politique étrangère de Pyongyang. «Depuis tout temps, la Corée du Nord aspire à traiter d'égal à égal avec les grandes puissances – les Etats-Unis – à reprendre son destin en main et à avoir un dialogue bilatéral avec Washington», estime la spécialiste. «La Corée du Nord se sent sous menace permanente américaine. Donc elle avait besoin de cette arme nucléaire qui est une sorte d'assurance vie pour s'affirmer», souligne Juliette Morillot, ajoutant que Kim Jong-un jouait, selon elle «assez finement» diplomatiquement parlant.

«Maintenant qu'il a cette arme nucléaire, il peut jouer la carte diplomatique et arriver à ce qu'il veut, c'est-à-dire être reconnu», explique Juliette Morillot, ajoutant : «il va rencontrer d'égal à égal Donald Trump.» En ce sens, argumente-t-elle, on ne peut pas parler de revirement de Pyongyang. En revanche, pour Donald Trump qui s'est mis dans une impasse à force de ligne rouges et de mises en demeure, c'est une porte de sortie.

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