Entretiens

Pierre Lévy sur la crise politique allemande : Macron «ne gouverne pas encore l'Allemagne»

Sur RT France, le fondateur du journal Ruptures a analysé pourquoi Angela Merkel se trouve dans une impasse. Selon lui, outre le fait que la chancelière veut éviter le recours à une nouvelle élection, elle subit la pression dirigeants de l'UE.

Trois mois et demi après le coup de tonnerre des élections législatives allemandes, le 24 septembre 2017, Angela Merkel ne parvient pas à traduire le résultat des urnes en un gouvernement, fut-il de coalition. En clair : un problème de démocratie au sens propre, d'après Pierre Lévy, rédacteur en chef du mensuel Ruptures. «Ce qui bloque, c'est que le choix des électeurs n'était pas celui qu'avaient prévu ni les sondages, ni les élites dirigeantes», a-t-il souligné sur le plateau du journal télévisé de RT France ce 8 janvier.

«Il y a un mécontentement qui s'est exprimé dans les urnes et les élites ont des difficultés pour former une coalition pour répondre à ces enjeux», a estimé Pierre Lévy, alors que depuis les élections législatives, Angela Merkel s'efforce de tout faire pour éviter de convoquer de nouvelles élections législatives afin de tenter de mettre fin au blocage du système politique allemand.

Pour Pierre Lévy, l'irruption du parti souverainiste et anti-immigration Alternative für Deutschland (AfD) au Bundestag, le Parlement allemand, est l'une des clés du problème. «L'émergence de l'AfD que l'on qualifie parfois d'extrême droite a été le fait marquant du scrutin. Ce qui traduit l'usure et le rejet par une partie des citoyens des politiques qui ont été menées jusqu'à présent et qui sont directement pilotées par Bruxelles», explique-t-il encore.

Il y a des pressions très fortes de la part de l'Union européenne

Les élites allemandes ne sont toutefois pas les seules, toujours d'après Pierre Lévy, à espérer ne pas devoir repasser sous les fourches caudines du suffrage universel. «Il y a des pressions très fortes de la part de l'Union européenne [dans ce sens sur Angela Merkel] de la part de dirigeants européens», note Pierre Lévy, poursuivant : «Le président Macron fait partie de ceux qui souhaitent [...] poursuivre l'intégration européenne contrairement à l'intérêt des peuples». Et le journaliste de conclure : «Mais ce n'est pas encore monsieur Macron qui gouverne l'Allemagne, jusqu'à preuve du contraire, ce sont les électeurs qui décident.»

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