Entretiens

Flichy de La Neuville : en 2013, «la guerre contre Daesh aurait pu être gagnée en quelques semaines»

Enseignant et chef du département des études sur la guerre à l'école spéciale de Saint-Cyr, Thomas Flichy de La Neuville fait pour RT France le bilan de la guerre contre Daesh en Syrie. Et pointe les contradictions de la France et des Occidentaux.

«On peut dire que la guerre contre l'Etat islamique, qui aurait pu être réglée en quelques semaines s'il y avait eu dès le début [...] un raid blindé sur Raqqa, cette guerre, aujourd'hui, elle touche peut-être à sa fin», estime Thomas Flichy de La Neuville, chef du département des études sur la guerre à l'école spéciale de Saint-Cyr, interviewé par RT France. 

Alors que Raqqa, ancienne capitale autoproclamée de l'Etat islamique en Syrie, a été libérée fin octobre 2017 avec le soutien des Etats-Unis, le spécialiste estime qu'il restera sans doute un «réduit» de terroristes dans la région. Selon Thomas Flichy de La Neuville, dans le cas où les combattants de Daesh seraient acculés à la reddition, cela aurait pour conséquence l'exfiltration des djihadistes vers d'autres théâtres tels que la Libye... ou l'Europe. 

Il serait intéressant pour les forces aujourd'hui qui combattent en réalité le djihadisme de confiner les djihadistes dans un espace clos

«C'est un véritable risque. C'est la raison pour laquelle il serait intéressant pour les forces aujourd'hui qui combattent en réalité le djihadisme – on pense au gouvernement syrien, on pense à la Russie, on pense à l'Iran [...] – de confiner les djihadistes dans un espace clos», préconise encore Thomas Flichy de La Neuville. «Si on regarde la carte des attentats islamiques [...] de la Russie à l'extrême occident de l'Europe, on voit qu'il y a une résurgence du terrorisme dans les derniers mois».

On régresse vers un état de contrôle accru de la population

Pour autant, juge-t-il encore, l'état d'urgence décrété en France après les attentats de Paris en novembre 2015, et qui doit être relayé par la loi antiterroriste le 1er novembre 2017, n'a pas eu l'efficacité escomptée, faute d'une réelle prise de conscience. Et de souligner, en revanche, l'impact pour les citoyens : «Au nom du terrorisme, au nom de la terreur, on régresse vers un état de contrôle accru de la population.»

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