Entretiens

Yonathan Sayada : «Je ne me suis jamais senti aussi juif qu’en jouant chez Dieudonné»

RT France est allée à la rencontre de l'humoriste de confession juive Yonathan Sayada, à l'affiche du théâtre de la Main d'Or avec son spectacle «Ma réponse à Dieudonné».

Après avoir été repéré par Dieudonné pour son humour abordant des «sujets compliqués», Yonathan Sayada a rencontré plusieurs fois l’humoriste controversé avec qui est née l’idée de réaliser un spectacle appelant à la paix. «Je me sens dans une démarche profondément juive, en venant "chez l’ennemi" pour discuter, pour dialoguer» nous a-t-il affirmé. 

Yonathan Sayada reconnaît que «dans la tête de la communauté, pour beaucoup il reste tout de même un monstre». Condamné à plusieurs reprises devant les tribunaux, Dieudonné M'Bala M'bala a notamment écopé d'une peine de deux mois de prison ferme en Belgique pour avoir tenus des propos «haineux» lors d'un spectacle en 2012. Mais pour Yonathan Sayada, «on s’en fout si c’est un monstre ou un antisémite. Moi, en tant que juif, ce que je veux montrer aux antisémites, c’est qu’ils avaient torts de penser que l’on ne pouvait pas rire de nous». En effet, l’humoriste considère que la censure, loin d’affaiblir la haine et le racisme, ne fait finalement que les renforcer.

Mais la démarche de paix de Yonathan Sayada ne fait pas l’unanimité. Sur sa page Facebook personnelle, de nombreux commentaires le tancent. «Des critiques ont été émises aussi bien par certains membres méfiants du public de Dieudonné que par des Juifs» a-t-il confié à RT France, «mais lorsque je vois le niveau orthographique de leurs commentaires en comparaison de celui de ceux qui me soutiennent, je me dis que je ne plais pas qu’aux abrutis et cela me rassure». Ainsi, Yonathan a notamment été qualifié de «kapo» par les membres de sa communauté, en référence aux Juifs collaborant avec les nazis dans les camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale.

L’humoriste a aussi reçu des menaces plus sérieuses, notamment par téléphone. Son interlocuteur, dont Yonathan Sayada n’a pas souhaité révéler l’identité afin de ne pas mettre de l’huile sur le feu, connaissait le nom et l’adresse de ses parents, et les menaçaient de représailles si jamais le spectacle n’était pas annulé. Une main courante a été déposée, et la police s’est engagée à faire des rondes devant le théâtre le soir des représentations afin de prévenir tout débordement de la part d’extrémistes.

Lire aussi : Le problème de nos sociétés n'est pas le «complotisme» mais le fidéisme envers les médias dominants