Dans sa déclaration quotidienne diffusée sur le site de la présidence et citée par l’AFP, le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme avoir dit lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau que «les Ukrainiens n'accepteraient jamais la décision du Canada concernant les turbines Nord Stream».
«C'est une question de respect des sanctions. S'il y a une violation maintenant, cela ne tardera pas avant qu'il y en ait d'autres», a ajouté le président en accusant la Russie de pratiquer un chantage au gaz et en soulignant qu'il y avait d'autres moyens d'acheminer le gaz russe en Europe via l’Ukraine.
Le président ukrainien s'était d’abord montré moins précis dans un tweet publié après la conversation où il expliquait, sans évoquer directement la question des turbines, que la position internationale sur les sanctions devait «être fondée sur les principes» et que la pression sur Moscou devait être accrue plutôt qu'allégée.
Il avait aussi remercié Justin Trudeau pour l'important soutien canadien en matière d’armement. Le vice-Premier ministre canadien, Chrystia Freeland, qui a des racines ukrainiennes, cité par l’AFP, avait défendu en fin de semaine précédente la position canadienne estimant que c'était «la bonne décision», même si elle avait été «très difficile» à prendre.
Le Canada explique ne pas vouloir compromettre l'approvisionnement en gaz de l'Europe
Ottawa, qui exempte ces turbines réparées au Canada des sanctions économiques imposées à la Russie, justifie sa décision par la nécessité de ne pas compromettre l'approvisionnement énergétique de l'Europe, et de l'Allemagne en particulier. Le Premier ministre a en outre «réaffirmé l'appui soutenu du Canada à l'égard de l'Ukraine face à l'agression militaire russe», selon un communiqué de son bureau, qui ne mentionne pas les turbines.
Ces turbines utilisées dans les stations de compression du gazoduc Nord Stream ont été fabriquées par l’Allemand Siemens et se trouvaient en réparation dans un atelier de l’industriel situé au Canada. Là, elles avaient été placées sous sanctions interdisant leur renvoi en Russie. Mi-juin, le groupe énergétique Gazprom invoquant la défaillance de l’une de celles qui étaient fonction sur la partie russe du gazoduc avait réduit ses livraisons de gaz à l’Allemagne de 60%.
Des manifestations contre le renvoi de ces turbines en Europe ont eu lieu le 17 juillet à Ottawa et Montréal. Dans la métropole québécoise, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées sur une place du centre ville, portant des drapeaux ukrainiens et des pancartes proclamant «l'argent du gaz russe tue les Ukrainiens», ou «maintenez les sanctions», a constaté un correspondant de l'AFP. Le Canada compte une importante communauté d'origine ukrainienne.