Le Canada a décidé le 9 juillet de restituer à l'Allemagne des turbines destinées au gazoduc russe Nord Stream à la demande de l’Allemagne. Fabriquées par l’industriel allemand Siemens, elles étaient en réparation dans des ateliers situés au Canada, où elles avaient été placées par Ottawa sous sanctions. Le 14 juin, le groupe gazier russe Gazprom avait invoqué ces travaux pour expliquer une réduction à 40% du niveau habituel de ses livraisons à l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream.
Cité par l’AFP le ministre canadien des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson a déclaré qu’il accorderait à Siemens Canada «un permis révocable et d'une durée limitée pour permettre le retour en Allemagne des turbines Nordstream 1 réparées, ce qui soutiendra la capacité de l'Europe à accéder à une énergie fiable et abordable».
Le gouvernement allemand se trouvait depuis plusieurs semaines en contacts intensifs avec Ottawa pour obtenir le retour de cet équipement vers l'Europe en dépit des sanctions frappant la Russie.
L'Allemagne, redoutant des conséquences sévères pour son industrie en cas de réduction durable de ses approvisionnements en gaz russe avait proposé au Canada de récupérer les turbines plutôt que de les renvoyer à Gazprom en Russie, afin de rester dans les clous «sur le plan juridique».
Bien que Gazprom se soit engagé à ce que les livraisons de gaz retrouvent leur niveau habituel dès réception des turbines nécessaires au bon fonctionnement du gazoduc, le gouvernement allemand avait publiquement mis en doute le motif technique invoqué par Gazprom.
Dans sa déclaration, le ministre canadien a expliqué qu’ en l'absence d'un approvisionnement nécessaire en gaz naturel, l'économie allemande subirait des difficultés très importantes et que les Allemands eux-mêmes risquaient de «ne pas pouvoir chauffer leurs maisons à l'approche de l'hiver». Il a aussi accusé le président russe Vladimir Poutine de vouloir «semer la division parmi les alliés».
Effondrement du transit gazier via l'Ukraine
L'Ukraine avait instamment prié le Canada de ne pas rendre les turbines qui se trouvent actuellement dans des ateliers du groupe Siemens près de Montréal, au Québec. L'Ukraine estimait que les gazoducs ukrainiens étaient capables de transporter un volume suffisant de gaz vers l'Allemagne pour compenser la baisse des livraisons russes.
Nous demandons au Canada de ne pas remettre la turbine de Gazprom à l'Allemagne, mais à l'Ukraine […] Nous allons la transmettre à la Russie. Peut-être. Après notre victoire.
«Nous ne devons pas nous soumettre au chantage du Kremlin», clamait le 8 juillet Serguiï Makogon, patron de l'opérateur de transport de gaz OGTSU sur sa page Facebook. «Nous demandons au Canada de ne pas remettre la turbine de Gazprom à l'Allemagne, mais à l'Ukraine […] Nous allons la transmettre à la Russie. Peut-être. Après notre victoire», ajoutait-il.
Le lendemain, il expliquait que le transit de gaz russe via l'Ukraine était tombé en juin à son plus bas niveau historique, soit à 334 millions de mètres cubes par jour. Selon l’opérateur ukrainien, Gazprom n'exploite qu'un septième des capacités des gazoducs ukrainiens et n’utilise même pas les quotas réservés et payés en vertu de son contrat avec l'OGTSU.