Economie

Bruno Le Maire renonce aux promotions à 50% sur les produits alimentaires

En début de semaine, le ministre français de l’économie avait suggéré, en réponse à la hausse des prix, d’autoriser des promotions sur l’alimentation jusqu’à 50%. Face à la bronca des organisations professionnelles, il a immédiatement reculé.

Selon une source de l’AFP à Bercy, le gouvernement renoncera à la proposition récente du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, d'autoriser des promotions de 50% sur les produits alimentaires. Cette reculade fait suite à la vive opposition de deux organisations représentant les agriculteurs.

Au ministère, on explique qu’après avoir reçu dans la matinée du 6 juillet la présidente de la FNSEA Christiane Lambert et Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs, le ministre s'est engagé à ne pas mettre en œuvre cette proposition. Il ne s’agissait selon le ministère que d’une «suggestion», à l'issue de la mission confiée à l'Inspection générale des finances (IGF) sur la formation des prix alimentaires.

Actuellement, les distributeurs de produits alimentaires ne peuvent proposer des promotions qu'à hauteur de 34%, une règle censée protéger la rémunération des producteurs.

Le 5 juillet, le ministre de l'Economie avait annoncé le lancement d'une enquête de l'IGF pour vérifier la formation des prix des produits alimentaires en cette période d'inflation, notamment après que le président des magasins E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, avait jugé «suspectes» certaines hausses de prix demandées par les industriels. En parallèle, La France insoumise et le Rassemblement national avaient demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire.

Sur les ondes de la radio publique France Inter, Bruno Le Maire avait estimé que si les résultats de l’enquête de l’IGF montraient que les dispositifs actuels ne profitaient pas aux producteurs, il faudrait «réfléchir à la possibilité de les modifier». Et c’est dans ce contexte qu’il avait suggéré des promotions à 50%, au lieu des 34% autorisés.

«Pas la bonne réponse»

Mais la suggestion du ministre a suscité une levée de boucliers dans le secteur agricole, Christiane Lambert ayant répondu que ce n'était «pas la bonne réponse». «Cela reviendrait à renforcer la pression sur les entreprises et les agriculteurs, qui sont déjà étranglés par les hausses de leurs coûts de production», s'inquiétait aussi l'Ania, principale organisation de l'agroalimentaire citée sans précision de date ni de lieu par l’AFP.

Aujourd’hui, on explique à Bercy que le ministre a «entendu et compris» les inquiétudes des agriculteurs sur les conséquences éventuelles d'une telle mesure sur leur rémunération, et l’on juge inutile «d'attiser les angoisses».

Dans un communiqué, le syndicat majoritaire FNSEA et les Jeunes agriculteurs se félicitent d'une «clarification de la position du ministre» et déclarent : « Il était capital d'envoyer un message clair de soutien aux agriculteurs et aux entreprises.» Et d'ajouter : «Il était également important d'adresser ce message à certains acteurs de la distribution qui n'ont de cesse de vouloir détricoter les EGAlim [la loi alimentation votée en 2018] à leur seul profit.»

L'entourage du ministre précise toutefois, selon l’AFP, que, dans le contexte actuel d’inflation, il continue d'avoir à cœur de concilier prix bas pour les consommateurs et juste rémunération des producteurs.