Economie

Après l'attentat contre un avion russe, Charm el-Cheikh craint le départ des touristes

Déjà désertée depuis quelques mois par les touristes européens, l'Egypte s'inquiète du départ probable des touristes russes après le crash de l'A321 de la compagnie russe Kolavia, probablement à la suite d'un attentat.

A Charm el-Cheikh, quelques jours après le crash d’un avion à destination de Saint-Pétersbourg, l’inquiétude est de mise. La thèse de l’attentat, qui a été revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) en représailles aux bombardements russes en Syrie, est sur toutes les lèvres et pourrait avoir un impact majeur sur le tourisme de cette région très fréquentée d’Egypte. La décision de Vladimir Poutine de suspendre les vols des compagnies aériennes russes à destination de l’Egypte risque encore d’accélérer cet exode de touristes.

Déjà désertée par la clientèle européenne, la station balnéaire pourrait désormais perdre ses touristes russes, qui représentent une part non négligeable de ses clients. Ainsi, selon Moscou, près de 80 000 russes se trouvaient en Egypte au moment de l’attentat.

Le drame du week-end dernier risque donc de porter un nouveau coup fatal au tourisme égyptien. L'industrie touristique dans son ensemble souffre de l'instabilité qui caractérise la vie politique et économique du pays depuis la chute de Hosni Moubarak, à l'issue d'une révolte populaire en 2011, et les années de chaos qui ont suivi. L'an dernier, 10 millions de touristes ont visité le pays des pharaons contre 15 millions en 2010, et la plupart d'entre-eux ont pris la direction de Charm el Cheikh. Ses plages, ses hôtels de luxe, sa vie nocturne attirent des millions de touristes.  

Or, si de nombreux Européens avaient d’ores et déjà rayé l’Egypte de leurs destinations de vacances, les Russes continuaient de venir en masse dans le pays. Un cinquième des touristes russes choisissent ainsi de passer leurs vacances en Egypte, rapportent des responsables du tourisme à Moscou. Ils évoquent toutefois une baisse de la fréquentation depuis 2013 et la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi et des troubles qui ont suivi. 

«Maintenant si les Russes ne viennent plus, Charm el-Cheikh sera condamnée», déplore ainsi un hôtelier de la place qui avait déjà constaté que «depuis la révolution de 2011, les Allemands, les Français et les Européens sont déjà moins nombreux».

Samedi, des centaines de vacanciers russes s'armaient de patience dans le hall de l'aéroport de Charm el-Cheikh, les yeux rivés sur le tableau d'affichage avec l'espoir d'embarquer le plus vite possible dans les avions affrêtés spécialement pour les rapatrier.

«Les Russes prennent les décisions de leur gouvernement très au sérieux», estime un responsable d'une compagnie étrangère, qui ne veut pas dire son nom. «A court terme, le tourisme à Charm sera touché». Une situation qui explique bien l'entêtement du gouvernement égyptien à nier la thèse de l'attentat.