«Les fonds pour le paiement d'un coupon sur les obligations externes de la Fédération de Russie à échéance en 2027 et 2047 d'un montant total de 12,51 milliards de roubles [l'équivalent de 234,85 millions de dollars] ont été reçus par l'agence de paiement pour les euro-obligations National settlement depository (NSD)», a écrit le ministère russe des Finances dans un communiqué cité ce 23 juin par l'AFP. «Ainsi, les obligations [...] de la Fédération de Russie sont remplies dans leur intégralité par le ministère des Finances de la Russie», précise le texte.
Dans ce communiqué, le ministère indique se baser sur un nouveau système de paiement temporaire entré en vigueur par un décret présidentiel publié la veille. Ce système prévoit que, lorsqu'une échéance arrive, le ministère des Finances transfère l'équivalent en roubles des fonds au NSD, un organisme russe centralisé chargé du dépôt des titres financiers échangés dans le pays et sanctionné par l'Union européenne.
Le NSD s'occupe de rembourser les créditeurs en roubles au taux de la Banque centrale, afin «d'assurer l'équivalence maximale des paiements». Si les créditeurs sont russes, les fonds sont transférés «en contournant les intermédiaires étrangers», précise le ministère des Finances. Mais si les titres sont détenus à l'étranger, les fonds seront transférés sur des comptes spéciaux en roubles, un mécanisme proche de celui utilisé pour les paiements gaziers.
La Russie entend rassurer les investisseurs
Dans une page de questions-réponses publiée sur le site du gouvernement russe, le ministre des Finances, Anton Silouanov, a assuré qu'«afin de protéger les investisseurs contre le risque de variation du taux de change, ces fonds seront indexés au taux actuel du rouble [...] jusqu'au moment des règlements effectifs aux propriétaires». Le ministre a encore une fois nié en bloc le risque d'un défaut de la Russie, accusant «les contreparties étrangères» de «refuser d'effectuer des paiements en devises étrangères, ce qui est une situation de force majeure pour [le pays]».
«Chacun dira ce qu'il veut [...], chaque jour où un investisseur veut ou peut venir chercher son argent, l'équivalent en roubles l'attendra», a-t-il ajouté, qualifiant toutefois la situation de «farce».
Fin mai, la Russie a annoncé qu'elle rembourserait sa dette extérieure en roubles, ne pouvant plus le faire en dollars du fait des sanctions, malgré son importante liquidité financière. Or, un remboursement dans une devise autre que celle dans laquelle une créance a été libellée expose le débiteur à un défaut sur sa dette.
Depuis que les trois grandes agences de notation financières internationales ne notent plus la Russie, il revient à une organisation réunissant de grandes banques internationales (Credit derivatives determinations committees) d'évaluer si oui ou non la Russie manque des paiements à ses créanciers. Selon l'AFP, cette commission de créanciers a affirmé début juin que le pays n'avait pas honoré le paiement d'intérêts sur sa dette à hauteur de 1,9 million de dollars dû le 4 avril.