Le Trésor des Etats-Unis a annoncé le 24 mai sa décision de mettre fin, à partir de 00h01 le 25 mai, heure de Washington (04h01 GMT), à une exemption permettant à la Russie de payer ses dettes en dollars.
Cette mesure va prendre effet deux jours avant la prochaine échéance de paiement pour Moscou, qui porte sur un peu plus de 100 millions de dollars d'intérêts sur deux obligations. Selon l'agence de presse russe Tass, les autorités se seraient déjà acquittées du paiement de ces intérêts. Mais outre l'échéance du 27 mai, le gouvernement russe doit encore honorer 12 paiements d'ici la fin de l'année 2022. Le défaut de paiement sur la dette en dollars paraît donc inéluctable.
La secrétaire au Trésor Janet Yellen avait expliqué la semaine précédente que Washington avait consenti à une exemption temporaire pour «permettre une transition ordonnée et permettre aux investisseurs de vendre leurs titres». Elle avait ajouté que cette exemption prendrait «probablement» fin le 25 mai. Depuis début avril, la Russie ne pouvait déjà plus rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines. La gouverneur de la Banque centrale russe, Elvira Nabioullina, a à ce propos reconnu que Moscou était confronté à des difficultés de paiements mais elle s'était refusée à parler de défaut.
La dette extérieure de la Russie représente, selon son ministère des Finances, environ 4 500 milliards de roubles (une cinquantaine de milliards d'euros au taux actuel), soit 20% de la dette publique totale.
En cas de défaut, le gouvernement russe perdrait l'accès à une source de financement importante ou serait contraint de payer des taux d'intérêt prohibitifs même si dans les faits, il ne peut déjà plus lever de fonds à cause des sanctions occidentales. De leurs côtés, les détenteurs de créances impayées risquent de perdre tout ou partie de leur argent.
La Russie va «continuer à honorer et rembourser toutes ses obligations financières»
Il pourrait aussi y avoir une bataille judiciaire puisque le ministre russe des Finances Anton Silouanov a fait savoir dès avril que la Russie entamerait une procédure si elle était déclarée en défaut de paiement par l'Occident. Il avait alors accusé les pays occidentaux de créer «artificiellement» les conditions d'un défaut de paiement. Comme tous les Etats, la Russie emprunte de l'argent sous forme d'obligations, souvent en dollars, et doit payer régulièrement des intérêts et rembourser le capital.
En réponse à la décision du Trésor des Etats-Unis le ministère russe des Finances a annoncé qu’il effectuerait ses prochains remboursement en roubles. «Etant donné que le refus de prolonger cette licence rend impossible de continuer à honorer la dette extérieure en dollars, les remboursements se feront en devise russe avec la possibilité de les convertir ensuite en devise originale via le National settlement depository (NSD) qui servira d'agent-payeur», explique le ministère dans un communiqué.
«Le ministère russe des Finances, en tant qu'emprunteur responsable, assure de sa volonté de continuer à honorer et rembourser toutes ses obligations financières», souligne encore le texte qui conclut : «Cette situation créée artificiellement par un pays inamical n'aura pas d'effet sur la vie des Russes.»