Le ministère russe des Finances a annoncé ce 6 avril avoir réglé en roubles une dette en dollars à la suite du refus d'une banque étrangère d'effectuer le paiement en dollars.
«Une banque étrangère a refusé d'exécuter des instructions» de paiement d'un montant de 649,2 millions de dollars dû le 4 avril, indique le ministère dans un communiqué, affirmant donc avoir donc été «contraint de faire appel à une institution financière russe pour faire les versements nécessaires [...] dans la devise de la Fédération de Russie».
Pendant plusieurs semaines, la Russie a réussi à écarter le danger d'un défaut, le Trésor américain permettant l'utilisation de devises étrangères détenues par Moscou à l'étranger pour régler des dettes extérieures. Le 5 avril cependant, le département américain au Trésor a annoncé qu'il n'autoriserait plus la Russie à rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines, renforçant la pression. Cette mesure avait été prise dès le 4 avril, date limite d'un paiement russe d'une obligation d'un montant de deux milliards de dollars, émise en 2012.
«Des réserves importantes [se trouvant] dans des Etats étrangers ont été bloquées ; si ce gel se poursuit et que les virements en vue de rembourser nos dettes au moyen de ces fonds gelés soient, eux aussi bloqués, la gestion des dettes pourra s’effectuer en roubles. Si cela s’avère impossible, un défaut de paiement peut être déclaré en théorie, mais il s’agit d’un défaut tout à fait artificiel. Il n’y a aucune raison pour un défaut réel», a réagi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, interrogé lors d'un point de presse le 6 avril, affirmant que «la Russie dispose de tous les moyens nécessaires pour gérer ses dettes».
En amont de ce paiement, la Russie avait déjà proposé aux créanciers de leur racheter leurs créances et de les rembourser à l'avance en roubles, une mesure permettant aux créanciers russes d'obtenir leur argent sans les complications liées aux sanctions, mais également aux autorités de devoir débourser moins de dollars.
En représailles à l'intervention militaire russe en Ukraine, une partie des réserves russes détenues à l'étranger, environ 300 milliards de dollars, est gelée dans le cadre des sanctions occidentales. Un défaut de paiement coupe un Etat des marchés financiers et compromet son retour pour des années.