Les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne (UE) ont trouvé un accord, dans la soirée du 30 mai, pour un embargo sur le brut russe dans les six mois, et sur les produits raffinés dans les huit mois. Cette mesure s'applique aux importations au pétrole russe transporté par voie maritime, soit deux tiers des achats de l'UE.
Une exemption temporaire a cependant été prévue pour le pétrole acheminé par oléoduc, afin de lever le veto de la Hongrie. L'extension de l'embargo aux livraisons par oléoduc sera ensuite discutée «dès que possible» sans qu'une date butoir ne soit fixée.
Budapest avait conditionné son feu vert à des garanties sur sa sécurité énergétique. En arrivant au sommet, le Premier ministre hongrois Viktor Orban avait réclamé des assurances en cas de coupure de l'oléoduc Droujba, qui approvisionne son pays en passant par l'Ukraine.
Conditions hongroises, tchèques, slovaques et bulgares
Il a exigé que son pays puisse être alimenté en pétrole russe par voie maritime si l'arrivée par oléoduc venait à être arrêtée. «C'est la garantie dont nous avons besoin», avait lancé Viktor Orban.
Prague avait de son côté réclamé un délai d'adaptation de dix-huit mois pour les produits raffinés qui a été accepté, selon le Premier ministre belge Alexander De Croo cité par l’AFP. Ceux qui ont été demandés par la Slovaquie et la Bulgarie (deux ans chacun) font encore l'objet de discussions, selon une source européenne.
Selon l’AFP, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président de la République française Emmanuel Macron affirment que Berlin et Varsovie se sont quant à eux engagés à arrêter leurs importations par l'oléoduc Droujba qui relie la Russie à l’Allemagne via l’Ukraine, la Pologne et la Hongrie. Avec cette mesure les exportations de pétrole russe vers l'UE devraient être réduites de 90% d'ici la fin de l'année.
«Cela va couper une énorme source de financement de la machine de guerre de la Russie», a tweeté le président du Conseil européen, Charles Michel. «La Russie fait le choix de poursuivre sa guerre en Ukraine. En Européens, unis et solidaires du peuple ukrainien, nous prenons ce soir de nouvelles sanctions», a pour sa part tweeté le président français Emmanuel Macron, dont le pays exerce la présidence du Conseil de l'UE.
Le baril poursuit sa hausse
En négociation depuis un mois, le nouveau paquet de sanctions prévoit aussi un élargissement de la liste noire de l'UE à une soixantaine de personnalités, dont le chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill. Il comprend l'exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, principal établissement bancaire du pays.
Les dirigeants ont aussi approuvé l'octroi de neuf milliards d'euros au gouvernement ukrainien pour couvrir ses besoins immédiats en liquidités afin de faire fonctionner son économie. Kiev a chiffré ses besoins à cinq milliards de dollars par mois. Les financements européens prendront la forme de «prêts à longue maturité» avec des taux d'intérêts bonifiés, selon des sources européennes citées par l’AFP sans autre précision.
Dans la foulée de l’accord, les principaux indices pétroliers mondiaux, qui étaient déjà à des cours élevés, ont connu une nouvelle hausse qui portait le WTI des Etats-Unis à près de 119 dollars dans la matinée du 31 mai et le Brent de mer du Nord à près de 124 dollars.