Economie

Lithium, cobalt, nickel... la transition écologique de l'UE au défi de son approvisionnement

Selon un rapport, l'Union européenne doit vite organiser son approvisionnement en métaux vue de la transition énergétique. Faute de quoi des difficultés se profileront dès 2030, mais la plupart viennent de Russie et de Chine.

L'Union européenne doit organiser rapidement son approvisionnement en métaux pour la transition énergétique, faute de quoi des difficultés s'annoncent dès 2030, menaçant ses objectifs en matière d'autonomie comme de climat, alerte un rapport publié ce 25 avril. 

Pour remplacer les hydrocarbures et atteindre la neutralité carbone en 2050, l'UE aura besoin à cette date de 35 fois plus de lithium qu'aujourd'hui (800 000 tonnes par an), ont calculé les chercheurs de l'université KU Leuven, pour Eurométaux, l'association européenne des producteurs de métaux.

Jusqu'à 26 fois plus de terres rares seront nécessaires (3 000 tonnes annuelles de néodyme, dysprosium, praséodyme...), deux fois plus de nickel, +330% de cobalt... des éléments indispensables aux équipements de demain (voitures électriques, rotors d'éoliennes, unités de stockage...). 

Il faudra aussi 33% d'aluminium en plus (4,5 millions de tonnes annuelles), +35% de cuivre, +45% de silicium, +10 à 15% de zinc, selon cette estimation inédite des besoins européens. Ces calculs se basent sur les plans industriels prévus sur le continent, par exemple dans l'auto, les batteries, l'hydrogène... 

«La bonne nouvelle», disent les chercheurs, est que d'ici à 2050, 40 à 75% des besoins pourraient être couverts par le recyclage, si l'Europe investit rapidement dans les infrastructures, relève ses taux de recyclage obligatoire et s'attaque aux goulets d'étranglement à venir. 

Mais dans l'intervalle, elle «s'expose à des manques critiques sur les 15 prochaines années faute de plus grandes quantités de métaux pour accompagner les débuts de son système énergétique décarboné», soulignent-ils. 

«Si les industries européennes ne sécurisent pas leurs approvisionnements sur le long terme, elles risquent des ruptures ou des hausses de prix pouvant ralentir la transition énergétique», lit-on également dans le rapport. Ce risque concerne particulièrement le lithium, le cobalt, le nickel, le cuivre et les terres rares. 

L'UE dépendante des importations de métaux 

Aujourd'hui, l'UE dépend des importations pour l'essentiel des métaux, par exemple de la Russie pour l'aluminium, le nickel ou le cuivre. Ces dix prochaines années, Chine et Indonésie vont dominer le boom des capacités de raffinage des métaux pour batteries, souligne le rapport, qui recommande que l'Europe se lie à des fournisseurs responsables, en matière sociale et environnementale. 

Le territoire européen lui-même pourrait couvrir 5% à 55% de ses besoins de 2030, selon le rapport, qui relèvent cependant des incertitudes pesant sur de nombreux projets (oppositions locales, process non mâtures...).

Il doit aussi ouvrir des raffineries et ce, malgré des défis, puisque la crise énergétique actuelle et la flambée des prix de l'électricité ont déjà conduit à fermer temporairement près de la moitié des capacités de raffinage d'aluminium et zinc en Europe.