Alors que Washington et Londres ont décidé d'arrêter leurs importations de gaz et de pétrole russes, l'UE, bien plus dépendante, n'est pas prête à les suivre mais s'organise pour réduire de deux tiers dès cette année ses achats de gaz à Moscou.
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, qui s'exprimait au titre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne (UE) lors d'une visite à l'ONU, a ainsi confirmé que les Vingt-Sept allaient prendre des mesures «très lourdes», afin, d'ici la fin 2022, de «réussir à se passer des deux tiers» des importations européennes de gaz en provenance de Russie.
Elle a insisté, lors d'un point de presse, sur «l'ampleur de ce que cela veut dire au regard de la dépendance» des pays membres de l’UE aux approvisionnements en gaz russe. La ministre, issue du parti du candidat à l’élection présidentielle Yannick Jadot, doit rencontrer ce 10 mars à Washington la ministre de l’Energie des Etats-Unis Jennifer Granholm. En préambule, elle a souligné que le président des Etats-Unis, Joe Biden, avait reconnu que la situation aux Etats-Unis n'était «pas comparable» à celle de l’Europe et qu’il n’entendait pas lui demander de prendre «le même genre de décision».
La veille de la déclaration de Barbara Pompili, Joe Biden avait annoncé un embargo sur les importations américaines d'hydrocarbures russes, tandis que le Royaume-Uni s'est engagé à y parvenir d'ici la fin de l'année. Le pétrole russe ne représente que 8% des importations américaines et les Etats-Unis n'importent pas de gaz de Russie. En comparaison, la Russie compte pour 45% des importations européennes de gaz et de charbon et 25% de celles de pétrole.
Prendre des mesures qui auraient un impact très lourd tout de suite sur nos économies risque de déstabiliser nos sociétés
Pour réduire la dépendance européenne aux hydrocarbures russes sans mettre en péril l'économie des pays les plus exposés, Bruxelles a proposé aux Vingt-Sept de diversifier leurs approvisionnements, de gonfler leurs réserves et de réduire leur consommation d'énergie. Cette question sera discutée ce 10 mars et le lendemain par les chefs d'Etat et de gouvernement réunis en sommet à Versailles. Ils devraient s'engager à réduire de façon significative leurs importations de gaz, pétrole et charbon russes, mais sans calendrier, selon un projet de conclusions consulté par l'AFP.
«Cette crise géopolitique va durer et c’est pour cela [...] que prendre des mesures qui auraient un impact très lourd tout de suite sur nos économies risque de déstabiliser nos sociétés», a encore averti la ministre française, pour qui «on ne peut pas passer de 40% à rien en cinq minutes».