Economie

La France enregistre le pire déficit commercial de toute son histoire pour l'année 2021

Le déficit s'est creusé à à 84,7 milliards d'euros, selon les douanes, représentant le pire déficit commercial de l'histoire de France. Les causes sont liées en partie à la hausse des importations bien que Bruno Le Maire relève des éléments positifs.

La France a annoncé le 8 février le pire déficit commercial de son histoire, en 2021, en raison des prix élevés de l'énergie mais aussi d'importations massives de biens sur fond de forte reprise économique et de désindustrialisation du pays.

Le déficit s'est creusé à 84,7 milliards d'euros, ont rapporté les douanes. Un chiffre nettement plus élevé que le précédent record de 2011, qui était de 75 milliards. Le solde des échanges est plombé principalement «par l'énergie, et dans une moindre mesure, par les produits manufacturés», précisent les douanes dans leur communiqué.

L'aggravation du déficit s'explique «par un rebond plus marqué des importations (+18,8% après -13% en 2020) que des exportations (+17% après -15,8%)», explique cette même source. Toutefois, le gouvernement assure que tout n'est pas sombre dans les échanges extérieurs de la France. «Il y a des points positifs aussi, notamment sur la balance des paiements, c'est-à-dire quand on intègre les services qui réussissent très bien», a déclaré sur France Inter le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

La Banque de France a fait état d'un déficit des transactions courantes en 2021 à 25,8 milliards d'euros, soit 1% du produit intérieur brut (PIB). Ce chiffre représente certes une amélioration par rapport à 2020 (-43,7 milliards) mais aussi une dégradation par rapport à 2019, lorsque le déficit des transactions courantes était encore limité à 7,1 milliards.

Le ministre du Commerce extérieur Franck Riester a estimé lors d'un point de presse qu'«il est important de regarder le tableau complet de notre activité commerciale» pointant notamment un «excédent record des services, à 36,2 milliards d'euros».

«En ce qui concerne la balance des biens, la dégradation est essentiellement due à l'alourdissement de la facture énergétique de 17,9 milliards d'euros», a-t-il encore indiqué. Par ailleurs, «des secteurs forts à l'export sont encore en deçà de leur niveau de 2019», comme l'aéronautique qui n'est revenue qu'à 57% de son niveau d'avant la crise sanitaire, pointe le ministre.

Le poids de la désindustrialisation a aussi plombé le déficit

Enfin, le déficit s'explique par la vigueur de la reprise, alors que l'économie française a enregistré une croissance de 7% l'an dernier, qui «a influé sur les importations de biens de consommation, d'outils industriels produits à l'étranger», selon Franck Riester.

Bruno Le Maire a pour sa part mis en cause «l'affaiblissement industriel au cours des 30 dernières années». «C'est le sujet que nous avons commencé depuis cinq ans à redresser avec le président de la République, en créant un environnement fiscal plus favorable, en baissant les impôts de production, en formant et en qualifiant les salariés à de nouveaux métiers industriels», a assuré le ministre de l'Économie.

Franck Riester a également souligné que le nombre d'exportateurs français avait atteint l'an dernier le nombre record de 136 000, même si la France reste loin derrière l'Allemagne et l'Italie en la matière. Cependant les exportations françaises sont restées en 2021 inférieures de 2% à leur niveau d'avant-crise et leur croissance est due pour les deux tiers à celle des prix, détaillent les douanes.

«Dans le même temps, les exportations de nos principaux partenaires européens ont dépassé leur niveau d'avant-crise, de 3 % à 9 % selon le pays», toujours selon les douanes. Le déficit  commercial de la France pourrait en outre continuer à se creuser en 2022.

«On pense que l'impact des prix de l'énergie sur l'année 2022 sera tout aussi lourd voire plus lourd qu'en 2021», a déclaré Franck Riester. «En 2022, le déficit commercial devrait s'accroître et pourrait atteindre la barre des 100 milliards d'euros», estimait de son côté le 7 février dans une note Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas.