TVO, fournisseur d’électricité finlandais, a annoncé ce 21 décembre l’entrée en service du réacteur nucléaire de technologie EPR d'Olkiluoto en Finlande, douze ans après la date de mise en service prévue. Dans un communiqué, TVO, qui est l’opérateur du réacteur construit par le groupe français Areva, a précisé que la production d'électricité devait commencer à environ 30% de la puissance en janvier, avant une mise en service normale en juin.
Jusqu’à présent, seuls deux réacteurs EPR étaient entrés en fonctionnement dans le monde, ceux de la centrale de Taishan en Chine, dont la construction a débuté en 2009, soit quatre ans après celle d'Olkiluoto-3. Mais l’un des deux réacteurs a été mis à l’arrêt en juillet après un incident survenu le 14 juin.
Au terme du chantier d’Olkiluoto lancé en 2005 dans le sud-ouest de la Finlande, devenu pour Areva un chemin de croix miné par les retards et les dérives financières, l'EPR finlandais va devenir le plus puissant réacteur en opération en Europe.
Avec une capacité de production de 1 650 mégawatts, il doit fournir environ 15% de la consommation du pays. «Ce moment restera pour toujours comme la démonstration de la persistance de notre travail pour mettre en service notre nouveau réacteur», a déclaré Marjo Mustonen, vice-président de TVO cité par l’AFP, saluant «la plus grande contribution de la Finlande pour le climat».
«Cette étape ouvre la voie à la production d'une électricité sûre, fiable et bas carbone pour les habitants de la Finlande», s’est pour sa part réjoui le directeur général de Framatome Bernard Fontana dans un communiqué.
Lancée en 1992, la technologie EPR (European Pressurized Water Reactor) a été codéveloppée par le français Areva et l'allemand Siemens au sein d’une filiale commune, dont Siemens s'est depuis retiré. Conçue pour produire des réacteurs d’une durée de vie de 60 ans, l’EPR se fonde sur la technologie des réacteurs à eau sous pression, mais son développement a connu de nombreux déboires.
Retards et contentieux en Finlande
A Olkiluoto, ces difficultés ont entraîné de longues et vives tensions entre TVO, Areva et l'autorité finlandaise du nucléaire, la Stuk. TVO a finalement signé en mars 2019 un accord pour mettre fin au contentieux, prévoyant qu'une indemnisation de 450 millions d'euros lui soit versée.
Les déboires et dérapages financiers du chantier finlandais, s’ajoutant au scandale Uranim sous la présidence d’Anne Lauvergeon, ont provoqué l’explosion d'Areva, dont les activités principales ont donné naissance aux entreprises Orano et Framatome, qui n’existait plus guère sous le nom d’Areva S.A. que pour assurer la fin du chantier d’Olkiluoto-3.
En France, le chantier de Flamanville n’est toujours pas achevé et aux dernières nouvelles la centrale ne devrait pas produire d’électricité avant 2023 après des dérapages financiers qui ont pour le moment porté son coût à 12 milliards d’euros selon EDF, mais 19 milliards selon la Cour des Comptes, au lieu des trois prévus.