Economie

La Banque mondiale veut verser 280 millions de dollars à l’Afghanistan malgré les sanctions US

Pour faire face à l’urgence alimentaire en Afghanistan, la Banque mondiale a décidé de débloquer l’équivalent de quelque 250 millions d’euros. Mais cette aide reste conditionnée au bon vouloir de Washington.

Le conseil d'administration de la Banque mondiale a approuvé le transfert de 280 millions de dollars (247 millions d'euros) de fonds gelés à deux organisations humanitaires pour permettre à l'Afghanistan de faire face à une grave crise humanitaire, selon «deux sources au fait de la question» citées par Reuters.

Les 31 donateurs du Fonds fiduciaire pour la reconstruction de l'Afghanistan (ARTF), administré par la Banque mondiale, doivent se retrouver le 2 décembre pour autoriser ou non le transfert des fonds au Programme alimentaire mondial (PAM) et au Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).

Sur son site internet, le PAM alerte sur «une crise humanitaire aux proportions incroyables», qui s’est aggravée en un mois au point que, selon l’organisation humanitaire internationale, 95% des familles ne consomment pas assez de nourriture.

Il précise aussi qu’il a besoin de 200 millions de dollars (170 millions d’euros) pour financer ses programmes d’actions dans le monde d’ici la fin de l’année. La somme débloquée semble modeste, pour un pays de plus de 30 millions d’habitants, alors que l’ONU vient d’évaluer à 41 milliards de dollars (36 milliards d’euros), le montant de l’aide pour faire face aux besoins urgents de 183 millions de personnes dans le monde.

Nourriture et médicaments bloqués par la crainte des sanctions

Selon des «experts afghans» cités par Reuters, le versement d'une aide serait utile, mais des questions demeurent, notamment celle de savoir comment faire parvenir les fonds en Afghanistan sans exposer les institutions financières concernées aux sanctions américaines.

Le Trésor américain a déjà fourni des lettres d'intention garantissant aux banques qu'elles pouvaient traiter les transactions humanitaires, mais la crainte des sanctions américaines continue d'empêcher l'acheminement de fournitures de base comme la nourriture ou les médicaments.

Toute décision concernant le versement des fonds de l'ARTF nécessite l'approbation de tous ses donateurs, dont les Etats-Unis, qui en sont le principal. La Maison Blanche et le département américain du Trésor n'ont pas immédiatement fait de commentaire sur l'approbation par le conseil d'administration de la Banque mondiale du transfert des fonds au PAM et à l'Unicef.