Economie

Qui paiera ? Les propositions fiscales des candidats à l'élection présidentielle

Les différents candidats mettent en avant des mesures fiscales très diverses, du rétablissement de l'impôt sur la fortune à la suppression de l'impôt sur les successions, en passant une exonération d'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans.

Pas de présidentielle sans concours de propositions sur la fiscalité et les impôts : celle de 2022 ne déroge pas à la règle, et les candidats ne sont pas avares en projets de réforme des taxes existantes ainsi qu'en idées d'impôts nouveaux, avec en toile de fond l'explosion des dépenses publiques sous l'effet du Covid-19

«Climatique» ou pas, l'ISF doit être rétabli pour les candidats de gauche

A gauche, le candidat du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, souhaite mettre en place un «impôt Covid» qui viserait ce qu'il appelle les «profiteurs de la crise», notamment les grandes entreprises américaines comme Amazon ou Facebook qui ont vu leurs profits décoller pendant les confinements successifs. Un impôt exceptionnel qui s'accompagnerait du rétablissement, puis du triplement de l'impôt sur la fortune (ISF), qu'Emmanuel Macron a supprimé dès le début de son mandat.

Des propositions assez proches de celles du candidat de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, qui veut aussi rétablir l'ISF et taxer les «profiteurs de crise». Le candidat assure qu'avec sa réforme fiscale, «les personnes qui gagnent moins de 4 000 euros par mois verront leur impôt sur le revenu diminuer», en mettant davantage les plus aisés à contribution.

Comme il l'a souligné, il y a quelques semaines sur BFM Business, Arnaud Montebourg partage la nécessité de réintroduire cette mesure. Selon lui, elle contribuerait à compenser la manque à gagner d'une baisse de la TVA à 5,5% pour les produits de première nécessité.

L'impôt sur la fortune inspire décidément les candidats de gauche : Anne Hidalgo pour le Parti socialiste (PS), ainsi que Yannick Jadot pour Europe-Ecologie-Les Verts (EE-LV), veulent mettre en place un «ISF climatique». 

Pour la première, rapporte LCI, il s'agirait de flécher les recettes vers «un fonds d’accompagnement de la transition écologique, notamment pour les plus modestes», afin de pouvoir baisser la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les carburants ou de subventionner l'achat d'une voiture électrique. Mais sans préciser si ce nouvel impôt toucherait les ménages autrefois concernés par l'ISF. Son proche concurrent, Yannick Jadot, défend lui un ISF climatique qui taxerait davantage «le patrimoine financier qui investit dans les énergies fossiles».

A droite, l'ISF est contesté, à commencer par Eric Zemmour, qui a annoncé qu'il ne rétablirai pas «cet impôt tel qu'il était avant», le jugeant «confiscatoire». Préférant envisager des économies sur les dépenses sociales (allocations familiales, logement, RSA), qu'il faudrait retirer «aux étrangers» et réservés aux Français, soit «20 milliards d’économies».

La candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a elle annoncé sur France Inter qu'elle exonérera d'impôt sur le revenu «tous les jeunes jusqu'à 30 ans», une mesure qui concernerait tous les jeunes sans aucune exception, y compris un footballeur multimillionnaire tel que Kylian Mbappé (22 ans). De même, les créateurs d'entreprises de moins de 30 ans seront exonérés d'impôt sur les sociétés. 

«On dépense trop et on dépense mal»

Les candidats à l'investiture de Les Républicains (LR), qui se sont affrontés dans plusieurs débats télévisés, ont quant à eux mis l'accent sur les économies à faire du côté de l'Etat, quitte à se lancer dans des enchères pour savoir qui supprimera le plus grand nombre de postes de fonctionnaires. «On dépense trop et on dépense mal», selon Michel Barnier, qui a plaidé pour une meilleure lutte contre les fraudes fiscales et sociales, ainsi que pour la mise en place d'une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne.

Valérie Pécresse a estimé qu’Emmanuel Macron avait «cramé la caisse avec un cynisme total pour les générations futures», tandis qu'Eric Ciotti a qualifié l’Etat français  d'«Etat social devenu obèse». Le député «assume l'essentiel du projet qu'avait porté François Fillon» en 2017, et propose de défiscaliser les donations des grands-parents à leurs petits-enfants jusqu'à 150 000 euros par grand-parent, ainsi que de supprimer l'impôt sur les successions. Valérie Pécresse veut, elle aussi, faciliter les transmissions de patrimoine entre les générations. Et, tout comme Michel Barnier, Eric Ciotti veut diminuer l’impôt sur le revenu. 

Tous les candidats à l'investiture LR se rejoignent sur un point : baisser les impôts de production qui pèsent sur les entreprises (que le gouvernement a déjà réduits), voire les supprimer purement et simplement. «On ne peut pas distribuer de la richesse qui n’a pas été produite», a résumé Philippe Juvin.