Dans la foulée d’une hausse des prix du pétrole vers des niveaux qu’on n’avait plus vus depuis 2014, certains traders parient sur des options de livraison de pétrole à terme à 100 dollars (86 euros) le baril dès la fin de l’année, et 200 dollars d'ici la fin de 2022.
Ainsi, dès la fin septembre, des options d'achat sur le Brent, brut de référence de la mer du Nord, à 200 dollars le baril pour livraison en décembre 2022 se sont négociées 1 300 fois en une seule journée selon les données d’ICE Futures Europe, une des principales bourses mondiales des sources d’énergie primaire.
Pour le brut américain de référence WTI, le nombre d'options d'achat à 100 dollars le baril a été multiplié par cinq depuis le début du mois de février pour atteindre plus de 141 000 contrats à la mi-octobre, selon les données de CMEGroup, une importante bourse de matières premières.
Ces options d'achat très spéculatives et apparemment déconnectées des prix actuels (entre 84 dollars le baril de WTI et 85 le baril de Brent selon les cours observés dans la journée du 20 octobre) traduisent aussi une grande incertitude des acteurs du marché quant à l’orientation de l’ajustement de l’offre à la demande dans les semaines et mois à venir.
Incertitudes et prévisions contrastées
Oilprice.com, qui revendique la place de leader mondial de l’information professionnelle sur les cours du pétrole cite pêle-mêle, dans un article consacré à ces options à 200 dollars le baril, des avis contrastés.
Par exemple, l'une des principales banques japonaises, Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG), a publié une note envisageant un recul du Brent à 64 dollars le baril d'ici la fin de 2021, tandis que le ministre de l'Energie d'Oman estime que l’absence de nouveaux investissements dans le secteur pétrolier pourrait pousser les prix du pétrole à 200 dollars le baril.
Bank of America a pour sa part estimé au début du mois d’octobre qu’un hiver plus froid que d'habitude, un maintien des cours du gaz à des prix élevés et une redémarrage du transport aérien pourrait propulser le baril à 100 dollars pour les six prochains mois.
Interrogé depuis Bagdad par des journalistes et cité par Reuters, le ministre irakien du Pétrole Ihsan Abdul-Jabbar a déclaré que les membres de l’OPEP étaient opposés à des prix du pétrole dépassant un niveau jugé «acceptable» entre 75 dollars et 85 dollars. Il ajouté que les pays producteurs étudiaient actuellement les moyens d'équilibrer le marché, mais voulaient éviter une augmentation des stocks mondiaux de pétrole, «car cela pourrait conduire à l'effondrement des marchés pétroliers».