Réunis par visioconférence au cours du week-end, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix partenaires – Russie en tête – via l'accord Opep+, ont décidé d’augmenter leur production de 400 000 barils par jour (bpj) chaque mois à partir d'août.
Une première réunion prévue début juillet autour de cet agenda avait dû être annulée en raison d'un désaccord intervenu entre les Emirats arabes unis et le reste de l'alliance sur un point technique : son volume de production de référence. Ce seuil arrêté à la date d'octobre 2018 correspond pour Abou Dhabi à 3,17 millions de barils par jour.
Mais il ne reflèterait pas la pleine capacité de production du pays, montée à plus de 3,8 millions de barils par jour (Bpj) en avril 2020, à la veille des coupes drastiques décidées par le cartel au moment où les effets de la crise sanitaire mondiale avait provoqué l’effondrement des cours du brut. Les discussions de dimanche ont permis d'aboutir à un compromis qui réévalue également les quotas de plusieurs autres pays : l'Irak, le Koweït, l'Arabie saoudite et la Russie.
L'organisation, dont le siège est à Vienne, précise dans son communiqué final qu’elle évaluera l'évolution du marché en décembre, et repousse d'avril 2022 à la fin de l'année 2022 la date limite du plafonnement de la production.
«La rencontre d’aujourd’hui confirme à nouveau notre volonté d’être constructif et de trouver un consensus», a commenté le vice-Premier ministre russe chargé de l’énergie Alexandre Novak, le 18 juillet sur la chaîne Rossia 24. Selon lui, cette hausse va permettre à la Russie de produire 21 millions de tonnes de pétrole supplémentaires en 2021 et 2022.
5,8 millions de barils par jour de moins qu'il y a 16 mois
L'objectif du cartel est de revenir aux niveaux de production d'avant la pandémie, car l'alliance pompe toujours 5,8 millions de bpj de moins qu'avant la pandémie. Les prix du pétrole, déjà en recul en raison des inquiétudes concernant l'économie mondiale, s'étaient effondrés en avril 2020 avec la propagation du coronavirus et le très fort coup d’arrêt imposé pour raison sanitaires à l’ensemble du secteur du transport, gros consommateur de pétrole, dans le monde entier.
L'alliance Opep+ s'était alors engagée en avril 2020 à retirer volontairement du marché 9,7 millions de barils par jour puis à les réintroduire progressivement d'ici à la fin du mois d'avril 2022. Cette échéance a finalement été reculée de plusieurs mois, jusque décembre, car elle apparaissait courte au rythme actuel de redémarrage de l’économie mondiale, plusieurs fois ralenti à cause des soubresauts de la crise sanitaire.
L'Opep+ fait de surcroît face à une équation complexe, entre une reprise de la demande bien que toujours fragile, un retour probable à moyen terme des exportations iraniennes et des prix élevés qui provoquent le mécontentement de certains gros importateurs comme l'Inde.
Les prix du Brent de la mer du Nord et du Texas WTI, les deux principaux indices du marché du pétrole après s’être effondrés aux environs de 10 dollars le baril en avril 2020 sont depuis remontés aux environs de 70 dollars. Au lendemain de la réunion de l’Opep+ ils cotaient respectivement 70 et 68 dollars pour les contrats de livraison en août.