Andreï Keline, ambassadeur de la Fédération de Russie au Royaume-Uni, a déclaré le 17 octobre sur la BBC que les engagements de la Russie visant à augmenter l'offre de gaz en Europe, annoncés par le président russe Vladimir Poutine en début de mois, mettraient un certain temps à prendre effet.
Le diplomate russe était l’invité de l’émission dominicale du journaliste Andrew Marr qui voyait une contradiction entre les déclarations du président russe et celles du vice-premier ministre Alexandre Novak, selon lequel la certification par l’Allemagne du gazoduc Nord Stream 2 «enverrait un signal positif [aux marchés de gros du gaz en Europe] et calmerait la situation actuelle».
Alors que le journaliste mettait en doute l’augmentation des livraisons à l’Europe via le réseau de transit ukrainien, Andreï Keline a évoqué une augmentation de 15%. Mais il a fait valoir que le réseau ukrainien n’avait jamais été modernisé depuis sa construction, il y a des décennies, et que son utilisation intensive n’était pas sans risques.
Il a aussi répliqué que le transport du gaz naturel dépendait de contraintes techniques et se faisait pas «à la vitesse de la lumière». «Vous vous attendiez à quoi ? A ce que dès que le président [de la Fédération de Russie] a parlé les prix baissent instantanément ? Ce n’est pas possible», a-t-il ajouté.
Enfin, Andreï Keline a balayé l’hypothèse selon laquelle le gaz donnerait à la Russie un pouvoir immense sur l’Europe d’un simple mouvement de robinet. Des accusations largement répandues dans les médias occidentaux.
Mi-septembre, le quotidien britannique Financial Times avait relayé des accusations formulées par directeur de l’entreprise publique de gaz ukrainienne Naftogaz pour qui la Russie exerçait un «chantage» sur l’Europe en refusant d’augmenter ses livraisons dans un contexte de forte hausse des prix du gaz afin de la contraindre à permettre plus vite l’entrée en service de Nord Stream.
Sur son site web, le réseau de télévision américain CNBC publiait à peu près au même moment un article relayant les propos de certains analystes selon lesquels l’Europe était devenue l’«otage» de la Russie en matière d’énergie.
La Russie respecte ses obligations contractuelles, selon Merkel
Pourtant, la chancelière allemande Angela Merkel, citée au début du mois par l’agence de presse économique américaine Bloomberg, avait déclaré le 6 octobre en conférence de presse à Berlin qu’elle n'avait connaissance d'aucun cas où la Russie n'aurait pas respecté ses obligations contractuelles en matière d'approvisionnement en gaz. «La Russie ne peut livrer du gaz que sur la base d'obligations contractuelles et seulement comme cela», avait-t-elle ajouté.
Gazprom, société énergétique majoritairement détenue par l'Etat russe, fournit du gaz à l'Europe selon deux types d’accords différents : des contrats à long terme d'une durée souvent comprise entre 10 et 25 ans, avec des prix du gaz garantis et des contrats «spot», c’est-à-dire des achats ponctuels pour une quantité fixe de gaz négociés selon les cours du moment.