Une mini-crise diplomatique a éclaté entre la Hongrie, Etat membre de l’Union européenne, et l’ex-république soviétique d’Ukraine. Les deux pays ont annoncé le 28 septembre la convocation de leurs ambassadeurs respectifs, à la suite de déclarations concernant la signature par Budapest de contrats avec le groupe russe Gazprom.
Ainsi, la veille, Peter Szijjarto, ministre des Affaires étrangères et du Commerce de Hongrie et Elena Bourmstrova, directrice générale de Gazprom Export avaient paraphé à Budapest deux contrats de fourniture de gaz. Ils prévoient des livraisons jusqu'à 4,5 milliards de mètres cubes par an, et entrent en vigueur dès le 1er octobre pour 15 ans.
Сe choix a déplu à Kiev, et le jour même la diplomatie ukrainienne s'est déclarée «surprise» et «déçue par cette décision prise pour plaire au Kremlin», dans une note consultée par Reuters. La diplomatie ukrainienne y avance que la signature de ces contrats aura un impact significatif sur la sécurité énergétique de l'Ukraine et de l'Europe. Et surtout, Kiev annonce son intention de demander à la Commission européenne d'évaluer si cet accord respecte le droit européen de l'énergie.
Les consommateurs hongrois continueront à payer l'un des prix du gaz les plus bas en Europe
Une démarche qualifiée sur Facebook de «grave violation» de la souveraineté énergétique de la Hongrie par le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto. Dans sa réaction le ministre hongrois ajoute que «les consommateurs hongrois continueront à payer l'un des prix du gaz les plus bas en Europe» et que «la réalité est que l’on ne chauffe ni les appartements ni les maisons avec des déclarations politiques».
TurkStream et Nord Stream 2
Ce qui a causé l’irritation de Kiev est vraisemblablement le parcours emprunté par le gaz russe : les gazoducs du sud-est de l'Europe alimentés par Turk Stream et qui contournent l’Ukraine la privant ainsi de taxes de transit. Ces taxes rapportent à l'Ukraine, selon l’AFP 1,5 milliards de dollars par an, une somme significative pour ce pays parmi les plus pauvres du continent européen.
Ce gazoduc sous-marin financé par Gazprom relie la Russie à la Turquie via la mer Noire, et, tout comme Nord Stream 2, a été visé par des sanctions américaines qui n’ont empêché ni sa construction ni son entrée en service.
Dans le communiqué de presse de Gazprom, publié à l’occasion de la signature des deux contrats de gaz avec la Hongrie, le président du géant gazier russe, Alexeï Miller, salue les efforts des entreprises bulgares, serbes et hongroises «en charge du développement des réseaux nationaux de transport de gaz». La Hongrie, la Bulgarie et la Serbie ont effet construit les portions du gazoduc traversant leurs territoires pour recevoir le gaz russe sans passer par le réseau ukrainien, appelé à être marginalisé à brève échéance.