Economie

L’Assurance chômage devrait se rapprocher de l’équilibre financier dès 2023

L’Unédic, qui gère les comptes de l’Assurance chômage, vient de réviser ses prévisions. Elles s’aggravent à court terme mais devraient s’améliorer dès l’année prochaine grâce au rebond économique prévu à la fin du confinement.

Le prolongement des mesures économiques et sanitaires au premier semestre 2021 a modifié le scénario de prévisions financières établi en février par l’Unédic, l’organisme paritaire associant syndicats et organisations patronales pour la gestion de l’Assurance chômage.

Au premier semestre, la hausse de recours à l’activité partielle et la prolongation des mesures d’urgence ont généré des dépenses supplémentaires (indemnisation des demandeurs d’emploi en fin de droit jusqu’au 30 juin, maintien des taux d’indemnisation d’activité partielle pour les employeurs) et des recettes moindres (reports de cotisations).

Ainsi, fin 2021, le déficit de l’Assurance chômage devrait atteindre 12 milliards d’euros, soit 2 milliards de plus de plus qu’envisagé lors de la prévision de février. Toutefois, en tenant compte du rebond de l’activité économique anticipé dès le deuxième semestre 2021, le déficit de l'assurance chômage diminuerait pour se cantonner à hauteur de 2,4 milliards en 2022. Et le régime se rapprocherait de l'équilibre en 2023 avec un déficit ramené 500 millions d’euros.

Mais malgré un possible retour vers l’équilibre du régime, l’impact de la crise sanitaire et des mesures mises en place par le gouvernement pèse lourd : la dette de l’Assurance chômage s’établirait à 37,2 milliards d’euros entre 2020 et 2022, dont environ 20 milliards proviendraient des mesures d’urgence (15,6 milliards pour le financement de l’activité partielle, 2,6 milliards pour la prolongation des droits, 1 milliard pour l’«année blanche» des intermittents et 0,9 milliard au titre du report des cotisations). Fin 2023, la dette de l’Assurance chômage s’élèverait à 69,5 milliards.  

L'inconnue du Conseil d'Etat

Lors d'un point presse en visioconférence, le 17 juin, le président de l'Unédic, Eric Le Jaouen, a souligné que les précédentes prévisions avaient été faites «juste avant l'annonce du troisième confinement d'avril-mai» et que l’organisme avait désormais «plus de visibilité sur une sortie de crise sanitaire», tout en appelant à «prudence». Il a aussi mis en avant la «solidité» du régime d'assurance chômage, assurant que les partenaires sociaux qui la gèrent avaient la conviction qu'une grande partie de la «bonne dynamique de reprise qui est en train de s'enclencher» était liée à une limitation des destructions d’emploi notamment grâce à l'activité partielle.

Celle-ci est prise en charge aux deux tiers par l'Etat, pour un tiers par l'Unédic. Au plus fort de la crise au printemps, près de 9 millions de salariés ont été concernés. Ils étaient encore 2,7 millions en avril, selon les dernières données officielles. A ses côtés, Patricia Ferrand (CFDT), vice-présidente de l'Unédic, a aussi vu dans le rebond économique une «très bonne nouvelle» mais estimé que cela n’effaçait pas la situation difficile vécue par beaucoup, notamment les demandeurs d'emploi.

Les dernières prévisions de l’Unédic sont fondées sur l'hypothèse d'une application au 1er juillet de la réforme de l'assurance chômage, attaquée par les syndicats devant le Conseil d’Etat. L’organisme précise qu'«une non-application de tout ou partie de la réforme pourrait infléchir cette trajectoire sans toutefois la remettre en cause».