Economie

Assurance-chômage : associations et syndicats dénoncent une réforme «injuste, absurde et indécente»

Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, des responsables syndicaux et d’associations caritatives s’emportent contre la réforme de l’assurance-chômage. Annoncée par le gouvernement en juin 2019, elle entrera en vigueur le 1er juillet.

«Injuste, parce qu'elle va frapper des personnes déjà fragilisées, qui comptent parmi celles qui ont été les plus touchées par la crise sanitaire et sociale», écrivent dans une tribune publiée par Le Monde le 11 mai concernant la réforme de l’assurance-chômage, plusieurs responsables syndicaux et associatif, dont Laurent Berger (CFDT) et Philippe Martinez (CGT).

Citant les chiffres de l’Unédic, qui gère l’assurance-chômage en France, les signataires avancent qu’à partir du 1er juillet, date de l’entrée entre en vigueur de la réforme, «1,15 million de personnes vont voir leurs droits baisser drastiquement, en moyenne de 17%, et jusqu'à 40% pour les 400 000 les plus précaires».

Ils s’inquiètent aussi d'autres mesures qui, à une date encore non précisée, devraient durcir l'accès aux droits, notamment par un relèvement du seuil d'accès à l'indemnisation, en exigeant une période de six mois travaillés, contre quatre aujourd'hui. «Là encore, les plus touchés seront les travailleurs précaires, en particulier les jeunes de moins de 26 ans», déplorent les auteurs du texte.

Les signataires jugent également «absurde» le calendrier choisi pour l’entrée en vigueur de cette réforme qui intervient selon eux «au pire moment». Ils estiment ainsi que «le gouvernement va, par son action même, accentuer les effets de la crise et faire plonger dans la pauvreté des personnes qui auraient pu rester la tête hors de l’eau si l’on avait maintenu le dispositif d’assurance-chômage».

«Loin de la justice sociale la plus élémentaire»

Enfin la réforme est jugée «indécente» par les signataires, qui soulignent que le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres avait déjà diminué, «du fait notamment du gel des allocations-logement, des prestations familiales et du RSA» ; les inégalités sociales s’étaient sensiblement creusées. La crise a accentué ce phénomène, les ménages les plus aisés pouvant épargner, quand les 10% les plus pauvres ont dû le plus souvent s’endetter.

«Nous sommes loin de la justice sociale la plus élémentaire», résument les auteurs, parmi lesquels Annick Berthier, présidente d'Emmaüs France, Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Patrick Doutreligne, président de l'Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux), Laurent Escure, secrétaire général de l'Unsa (Union nationale des syndicats autonomes), Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, et Marie-Aleth Grard, présidente d'ATD Quart monde.

Ils concluent en estimant qu’«une des dernières réformes du quinquennat s’attaquera donc aux travailleurs précaires [...] Alors qu’en parallèle, le pouvoir d’achat des plus riches n’aura cessé d’augmenter, du fait notamment des politiques fiscales ou sociales du gouvernement».