Economie

Brexit : la Bourse de Londres alerte sur les risques de son exclusion du marché européen

La filiale du London Stock Exchange avance que l’exclusion du marché financier européen de sa filiale chargée des opérations de compensation en euros désavantagerait les entreprises de l’UE et menacerait la stabilité financière.

«Restreindre l'accès à l'économie de l'UE et à l'euro placerait les entreprises de l'UE dans un désavantage concurrentiel par rapport à leurs pairs, et augmenterait le risque pour la stabilité financière à la fois dans l'UE et plus largement», affirme la société de Bourse britannique London Stock Exchange Group (LSEG) dans une note publiée en fin de semaine et citée par l’agence Reuters.

Un plaidoyer pro domo, car LCH (London Clearing house), la filiale de LSEG assurant la compensation des opérations de taux d’intérêts et de devises, n’a l’autorisation de servir des clients de l’UE que jusqu’à fin mai 2022. Bruxelles cherche en effet à rapatrier sur le territoire de l’Union ces opérations où s’équilibrent les positions d’opérateurs de marché pour des milliers de milliards d’euros, officiellement afin de surveiller toute menace potentielle pour la stabilité financière du bloc.

Dans sa note LSEG souligne pourtant que l’activité de LCH est déjà supervisée par l’ESMA, autorité européenne des marchés financiers. En outre, en signe de bonne volonté, LSEG rappelle que la Banque centrale européenne (BCE) a le pouvoir d'exiger de LCH qu'elle ouvre chez elle un compte de dépôt, et déclare que «LCH Ltd soutient pleinement cette exigence».

En 2020, les entreprises ayant leur siège social dans un des Etats membres de l’Union ont représenté 27 % des opérations d’échanges ou swaps de crédit libellés en euros et gérées par LCH, selon des chiffres fournis par la société de bourse. Cette situation, illustre, selon les auteurs du communiqué «l'utilisation internationale de l'euro et la nécessité pour les entreprises de l'UE d'avoir accès à des chambres de compensation internationales pour couvrir leurs risques en euros ainsi que dans d'autres devises».

Chute de la part du marché de Londres

Mais ces chiffres donnent aussi une idée de la perte que représenterait, pour la première chambre de compensation européenne, la fin de l’autorisation de servir des clients européens, sans doute au bénéfice de la Deutsche Boerse basée à Francfort, où siège également la BCE. Début mai, la part de marché de Londres pour les seuls swaps en euros est passée d'un peu moins de 40 % en juillet 2020 à environ 10 %, tandis que sur les plateformes de l'UE elle est passée de 10% à 26%.

Depuis l’entrée en vigueur effective du Brexit, le 31 décembre 2020, les grandes sociétés britanniques redoutent de perdre l’accès au marché financier de l’Union européenne (UE) car il n’a pas été inclus dans l’accord de retrait signé en fin d’année entre Londres et Bruxelles. Mais les banques européennes, activement consultées par les autorités de l’Union pour le transfert des services financiers à partir de juin 2022, sont réticentes à renoncer aux services de la place financière de Londres qui offre pour le moment un choix beaucoup plus vaste d’opérateurs.