Andrew Bailey, le nouveau gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), s’est emporté contre Bruxelles le 11 février, lors d’une intervention à la City de Londres devant un parterre de dirigeants du secteur financier. Il a notamment exhorté les Européens à ne pas «déclencher un conflit contre le Royaume-Uni sur le terrain de la finance ».
«Nous avons l'opportunité d'aller de l'avant et de reconstruire nos économies, après le Covid, avec l’aide de nos systèmes financiers […] Ce n'est pas le moment d'avoir des disputes à un niveau régional», a-t-il expliqué.
L’accord commercial signé entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, entré en vigueur le 1er janvier, n’englobe pas les services financiers. Des négociations sont donc en cours pour que les sociétés financières britanniques puissent obtenir le «passeport européen» et continuer d’opérer librement sur le marché unique.
Mais ces négociations se passent mal, si l’on en croit les déclarations du chef argentier britannique, qui a affirmé que l’Union européenne (UE) exigeait de Londres le respect de normes qu’elle ne demandait à aucun autre pays et qu’il «soupçonne qu’elle n'accepterait pas pour elle-même».
Il s’est également plaint que Bruxelles ait récemment ouvert son marché aux chambres de compensation de titres des Etats-Unis, ce qui a été refusé à leurs homologues britanniques. Mairead McGuinness, la commissaire européenne aux Services financiers, a immédiatement rétorqué, lors d’un événement en ligne rapporté sans précision par Reuters, que «l'Union européenne s'efforcera[it] d'établir une coopération étroite avec la Grande-Bretagne sur les services financiers», mais que Londres ne pouvait pas s'attendre à un accès «basé sur l'équivalence» si ses règles étaient trop divergentes.
La City éclipsée par Amsterdam ?
«Londres restera sans aucun doute l'un des principaux centres financiers du monde, sinon le premier», a tenté de se rassurer Andrew Bailey lors de son intervention. Mais la veille, le Financial Times avait révélé que, sur le critère des échanges quotidiens de titres, Amsterdam avait déjà dépassé la City depuis janvier avec un volume quotidien de transactions d’un montant de 9 200 milliards d’euros contre 8 600 milliards.
L'industrie financière britannique pèse 135 milliards de livres (environ 150 milliards d’euros) selon les calculs de l’agence Reuters, et représente plus de 10% des recettes fiscales britanniques. Or selon PwC (ex- Pricewaterhouse Coopers), ces ressources sont amenées à se réduire à court terme sous l’effet conjugué du Brexit et de l’épidémie de Covid-19.
Face à l’euro, la livre sterling a perdu 20% de sa valeur au cours des cinq dernières années après un pic à 1,43 euro pour une livre atteint en juillet 2015, contre environ 1,14 actuellement.
Ivan Lapchine