Economie

Poutine, Kurz, Bolsonaro... : des dirigeants s'expriment au Forum économique de Saint-Pétersbourg

La séance plénière du Forum économique international de Saint-Pétersbourg a lieu ce 4 juin. Plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement, parmi lesquels Vladimir Poutine, Sebastian Kurz et Jair Bolsonaro, y prennent la parole.

Vendredi 4 juin

Fin de la séance plénière du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.

Interrogé sur sa vision du monde après la pandémie, Vladimir Poutine estime que celle-ci a montré notre vulnérabilité, mais aussi notre capacité à surmonter ensemble des crises communes. «L'essentiel est que nous soyons conscients de ce que sont les valeurs principales à travers le monde : la santé et la communication», a conclu le président russe.

«Tout ce qui se passe en Biélorussie attire l'attention de nos voisins qui voudraient y avoir une influence, mais il ne faut pas s'ingérer», déclare Vladimir Poutine.

«Ce qui s'est passé dans le Capitole ne peut être comparé à ce qui s'est passé en Biélorussie», estime le chancelier autrichien Sebastian Kurz. 

Vladimir Poutine s'exprime en ces termes sur les accusations d'ingérence dans les processus électoraux : «Près de la moitié des électeurs américains estiment que les élections n'ont pas été justes [...] A la suite des intrusions au Capitole, il y a eu 450 personnes arrêtées, 31 sont toujours détenues, sur la base de quoi ? Est-ce qu'on nous informe là-dessus? Non.»

«En Biélorussie, il y a beaucoup de problèmes internes et nous cherchons à avoir une position neutre. Les doubles standards, il faut chercher à s'en débarrasser [...] Les forces de l'ordre seraient trop dures en Russie lors des manifestations, mais quand on regarde ce qui se passe en Europe de l'Ouest ? Avec des manifestants éborgnés [...] c'étaient des balles en caoutchouc démocratiques ?», a ajouté non sans ironie le président russe.

«Je même moque complètement du fait d'être bloqué sur les réseaux sociaux, ce qui m'importe c'est la confiance du peuple russe», affirme Vladimir Poutine, sous les applaudissements du public. 

«Nous sommes un petit pays neutre, nous avons traditionnellement de bonnes relations avec les pays occidentaux et orientaux», rappelle le chancelier autrichien. 

Au sujet du futur sommet avec Joe Biden, Vladimir Poutine estime que les relations avec les Etats-Unis sont «particulièrement tendues aujourd'hui». «Pourquoi les Etats-Unis agissent-ils de cette façon? C'est pour moi mystérieux. [Du côté américain], les relations russo-américaines sont prises en otage par des considérations politiques internes», juge le président russe.

Selon lui, les relations russo-américaines sont «l'otage de considérations politiques internes aux Etats-Unis». «J'espère que cela prendra fin un jour», a-t-il affirmé, ajoutant que «les intérêts fondamentaux dans le domaine au moins de la sécurité, de la stabilité stratégique et de la réduction des armes dangereuses» devaient primer.

Au sujet de l'autorisation du vaccin russe par les instances européennes, Vladimir Poutine estime qu'il s'agit d'une «lutte d'argent menée par ceux qui fabriquent d'autres vaccins». «La politique existe toujours à un degré ou à un autre, mais il s'agit ici de la défense d'intérêts économiques au dépens de l'intérêt des citoyens», ajoute-t-il. 

«J'espère que Spoutnik V sera bientôt approuvé dans l'Union européenne», déclare à nouveau le chancelier autrichien.

«Pour nous, les vaccins ne sont pas un sujet politique [...] Nous avons voulu acheter Spoutnik V [...] mais nous attendons l'autorisation des institutions européennes», affirme Sebastian Kurz.

«Nos investissements en Russie vont doubler [...] nous allons beaucoup investir dans le tourisme dans nos deux pays respectifs», annonce l'émir du Qatar.

Vladimir Poutine au sujet des taux d'intérêts jugés par certains trop élevés en Russie : «L'inflation s'élève à 5,8% [...] la banque centrale a dû réagir suite à l'évolution de l'économie russe». 

«Des centaines de milliards de roubles sont dépensés dans des projets d'infrastructures rentables à long terme [...] le développement de l'industrie est une priorité», déclare Vladimir Poutine.

«Des démarches contraires au droit international sont la cause de l'aggravation de la situation en Ukraine», estime le chancelier autrichien. 

Vladimir Poutine au sujet des tensions avec les Etats-Unis et la République tchèque : «La délégation des chefs d'entreprises américains vient par tradition au forum de Saint-Pétersbourg [...] cela montre que les entreprises ont un grand intérêt à travailler avec la Russie, malgré les barrières érigées [...] Il faut se baser sur ces gens qui ont du bon sens et qui veulent coopérer.»

Vladimir Poutine au sujet des devises utilisées sur le marché des hydrocarbures : «Nous sommes prêts à utiliser l'euro [...] mais je crois que si on renonce au dollar pour l'achat du pétrole, ce serait un grand coup dur pour l'économie mondiale».

Vladimir Poutine estime que les exportations de gaz russe vers l'Europe de l'Ouest augmenteront de 50 milliards de mètres cube lors des 10 prochaines années. 

«Nous voulons avoir des relations économiques normales avec l'Ukraine», par laquelle pourrait transiter une partie de ces nouvelles exportations, affirme par ailleurs le président russe.

Vladimir Poutine au sujet de Nordstream 2 : «Il s'agit d'un projet purement commercial et économique qui ne portera pas préjudice aux autres pays par lesquels passe le gaz. Le trajet est plus court et moins coûteux [que par voie terrestre]. Il n'y a aucun risque politique [...] les particuliers et les individus en Allemagne paieront leur gaz moins cher. Nos partenaires ne soutiennent pas ce projet pour nous faire plaisir, mais pour défendre leurs intérêts [...] En plus, le gaz russe est le plus propre au monde [...] les technologies de fracturation hydraulique [comme celles pratiquées aux Etats-Unis] sont très nuisible à l'environnement. [Par ailleurs] Le gaz américain est plus cher de 25%».

«Nous espérons que nous obtiendrons le gaz russe sur le territoire autrichien [...] Nordstream 2 nous apporte une sécurité énergétique, il faut continuer ce projet», déclare Sebastian Kurz.

«La Coupe du monde au Qatar aura lieu comme prévu en novembre [2022] [...] La Coupe du monde qui a eu lieu en Russie est notre point de repère», déclare le cheikh Al Thani. 

«Nous tenons à préserver la complémentarité entre le Brésil et la Russie [...] Il est important que nous développions notre coopération en matière d'investissement, ou de technologies», déclare Jair Bolsonaro. 

Début de l'intervention de Jair Bolsonaro, président du Brésil. 

«La leçon que nous a donnée la pandémie est que nous devons être solidaires [...] la communauté internationale devrait venir en aide aux pays à revenus moyens [...] Le capitalisme que nous avons connu avant la pandémie ne donne pas de bons résultats, il génère des inégalités», estime le président argentin. 

Début de l'intervention d'Alberto Fernandez, président de l'Argentine.

«Dans les classements internationaux, la Russie progresse fortement selon un certain nombre de critères [...] de grands projets ont été mis en place avec l'Autriche», déclare Vladimir Poutine.

Sebastian Kurz à propos des relations entre la Russie et l'Autriche : «Je voudrais dire que nos relations économiques se développent, cela est très positif et la pandémie n'a rien changé à notre volonté de poursuivre dans cette voie [...] Nous sommes très contents du développement de notre coopération». 

«Il y a d'autres menaces mondiales que le coronavirus, il y a aussi le protectionnisme», juge le chancelier autrichien. 

«Les différentes parties du monde sont divisées par des divergences politiques [...] mais nous pouvons dans différents secteurs travailler ensemble [par exemple] dans la lutte contre le Covid-19 [...] Les efforts qui sont faits dans la production de vaccins, d'où qu'ils viennent, sont fait dans l'intérêt du monde entier [...] Je suis heureux de voir que le vaccin russe Spoutnik V est distribué dans plus de 60 pays et je tiens à remercier Vladimir Poutine pour son action en la matière», déclare Sebastian Kurz.

Début de l'intervention de Sebastian Kurz, chancelier fédéral d'Autriche.

J'apprécie beaucoup le rôle de la Russie dans le développement de vaccins fiables

«La pandémie de Covid-19 a montré l'interdépendance des peuples, et qu'aucun Etat ne peut faire face seul à une telle situation [...] Il faut garantir l'accès aux vaccins des pays pauvres et des pays en Etat de guerre [...] J'apprécie beaucoup le rôle de la Russie dans le développement de vaccins fiables», déclare l'émir du Qatar.

Le cheikh Al Thani, émir du Qatar, s'exprime à son tour lors de la séance plénière du forum.

Fin de l'intervention de Vladimir Poutine.

«Nous comprenons que nous devons avancer vers la privatisation des entreprises [par exemple] de Rosneft [...] mais avec précaution. [...] Notre objectif est d'encourager le libre-échange, les entreprises privées et d'attirer les investisseurs», conclut Vladimir Poutine.

«Malgré toutes les épreuves traversées lors de la pandémie, nous revenons à la vie normale [...] Saint-Pétersbourg va bientôt accueillir des matchs du Championnat d'Europe de football», déclare Vladimir Poutine.

Vladimir Poutine à propos de la lutte contre le réchauffement climatique : «Certains disent que la Russie n'est pas intéressée par la baisse des émissions de CO2, c'est complètement faux. Nous avons des villes en Arctique et nous sommes particulièrement sensibles à ces problèmes [liés au réchauffement climatique]. La neutralité carbone ne doit pas se faire via des motifs politiques visant à entraver les flux économiques avec certains pays [...] Nous avons développé les énergies renouvelables [...] dans le secteur nucléaire nous avons développé des projets liés à l'hydrogène qui peuvent être utilisés dans de nombreux secteurs.»

Vladimir Poutine est applaudi après avoir annoncé souhaiter lutter contre le travail clandestin et «veiller à ce que les salaires soient payés de façon régulière, et non dans une enveloppe».

«Je propose de lancer un mécanisme nouveau pour les entreprises [...] qui sera chargé de couvrir les risques pour les PME afin de rendre les crédits plus accessibles», annonce le président russe.

Au sujet du niveau de vie en Russie, Vladimir Poutine déclare que «beaucoup de régions russes hors des grands centres économiques [Moscou, Saint-Pétersbourg, Tatarstan...] répondent aux critères internationaux et affichent une dynamique positive en termes d'éducation, de climat des affaires etc.»

«Nous supprimons des barrières bureaucratiques [...] de nombreuses normes ont été supprimées», déclare Vladimir Poutine au sujet du soutien à l'activité économique en Russie. 

«Il y a des problèmes structurels qui se maintiennent dans notre économie [...] dans certaine entités de la Fédération, le chômage reste élevé. [...] Nous allons lancer des mesures de soutien contre le chômage des jeunes et pour l'entreprenariat. [...] Après les grandes crises économiques, les relances se sont toujours faites grâce à des investissements dans les infrastructures et à la formation du personnel», déclare Vladimir Poutine.

Vladimir Poutine à propos de Nord Stream 2 : «Ce projet économiquement efficace correspond aux normes les plus élevées [...] mais la coopération avec nos partenaires européens sera confrontée à des barrières artificielles, politiques».

S'exprimant dans le cadre du Forum économique intenational de Saint-Pétersbourg, le président russe a annoncé que la première ligne du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne avait été posée.

La Russie va bientôt proposer que les étrangers puissent venir s'y faire vacciner à titre payant, annonce Vladimir Poutine. 

«On n'a aucun cas létal après administration du vaccin [Spoutnik V]», assure Vladimir Poutine.

«La Russie a mis au point quatre vaccins, le Spoutnik V est déjà disponible pour 3,6 milliards d'habitants [...] et nous avons proposé d'installer des sites de production dans d'autres pays», précise Vladimir Poutine.

«Tant que nous n'assurons pas un accès aux vaccins dans le monde entier, il y aura un risque d'infection au coronavirus», déclare le président russe.

Après la crise liée au Covid-19, «la croissance du PIB mondial sera à peu près celle des années 1970, avec 6% de croissance prévue», estime le chef d'Etat.

Le président russe Vladimir Poutine prend la parole lors de cette séance plénière du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.

Début des interventions des dirigeants présents au 24e Forum économique international de Saint-Pétersbourg

Le forum économique de la capitale du nord de la Russie se tient du 2 au 5 juin et s'intéresse tout particulièrement, cette année, au développement technologique et aux nouvelles réalités économiques engendrées par la pandémie de Covid-19. Une centaine d’événements, dont certains sont à suivre en direct sur RT France, sont prévus. 

Lors de la sécession plénière du forum, ce 4 juin, plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement tiennent un discours, pour la plupart en visioconférence ou via un message-vidéo enregistré :

A l'issue de ces prises de parole, la rencontre se poursuit sous forme de discussions, avec la participation de Vladimir Poutine, Hamad ben Khalifa Al Thani et Sebastian Kurz.