«La République arabe d’Egypte a décidé de faire l’acquisition de 30 Rafale supplémentaires pour équiper son armée de l’air», annonce le groupe Dassault aviation dans un communiqué mis en ligne sur son site web et daté du 4 mai.
Cette nouvelle commande vient compléter la première acquisition de 24 Rafale, signée en 2015, et devrait porter à 54 le nombre de Rafale aux couleurs égyptiennes, faisant ainsi de l’armée de l’air égyptienne la seconde au monde, après l’armée française, à posséder une telle flotte de Rafale.
«Cette nouvelle commande est la preuve du lien indéfectible qui unit l’Egypte, premier utilisateur export du Rafale comme elle l’a été pour le Mirage 2000, à Dassault Aviation depuis près de 50 ans», déclare, cité dans le communiqué, Eric Trappier le président-directeur général de Dassault Aviation.
«Ce contrat illustre le caractère stratégique du partenariat que la France entretient avec l’Egypte, alors que nos deux pays sont engagés résolument dans la lutte contre le terrorisme et œuvrent à la stabilité dans leur environnement régional», lit-on par ailleurs dans un communiqué publié ce 4 mai par le ministère français des Armées, cité par l’AFP.
7 000 emplois en France
Cette vente avait été annoncée la veille par le site web Disclose, qui évoque un montant de 3,95 milliards d'euros. Le site web d’investigation, qui cite des documents gouvernementaux égyptiens, avance aussi que Le Caire a obtenu un prêt garanti par la France à hauteur de 85% pour financer ces achats, ce qui ferait peser sur les contribuables français un éventuel défaut de paiement.
Les aspects financiers de la transaction n’ont pas été confirmés par le ministère. En revanche il confirme la signature de contrats d’équipements associés, avec le missilier MBDA et le motoriste Safran aussi annoncés par Disclose. Le ministère précise également que le premier avion sera livré trois ans après l’entrée en vigueur de cette transaction qui devrait générer au total l’équivalent de 7 000 emplois en France pendant trois ans.
L'Egypte est devenue un des principaux clients de l’industrie française de l’armement, avec un envol du montant global des commandes depuis les années 2010. Ces dernières ont considérablement augmenté avec l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al-Sissi en 2014, avec la vente de Rafale, d'une frégate, de quatre corvettes et de deux porte-hélicoptères Mistral.
Grand-croix de la Légion d'honneur
Entre 2010 et 2019, les importations égyptiennes d'armements français se sont élevées à 7,7 milliards d'euros, faisant du Caire le quatrième pays client de la France en matière d'armements, selon le rapport annuel au Parlement.
Tandis que les ONG accusent régulièrement les autorités égyptiennes de bafouer les droits humains et d'utiliser des armements contre des civils, le ministère plaide dans son communiqué que «les exportations de matériels militaires s’inscrivent dans la politique de défense et de sécurité de la France» et évoquent un «partenariat stratégique et militaire entre la France et l'Egypte».
Les violations des droits humains en Egypte ont été dénoncés en mars dans une lettre signée par 31 des 47 membres du Conseil des droits de l’homme. Quelque mois auparavant, en décembre, le président Sissi avait été reçu par Emmanuel Macron, qui lui avait remis la grand-croix de la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique française.