«J’ai beau être une personne maximaliste pro-crypto, pro-Bitcoin, je me demande si, à ce stade, le Bitcoin ne devrait pas être aussi considéré en partie comme une arme financière chinoise contre les Etats-Unis, où il menace la monnaie fiduciaire, et surtout le dollar américain», a déclaré Peter Thiel le 6 avril lors d'un séminaire virtuel organisé par la Fondation Richard Nixon.
Le compte-rendu de cet événement virtuel révèle que le cofondateur du système de paiement en ligne Paypal, aujourd’hui investisseur majeur dans les entreprises de monnaie virtuelle ainsi que dans les cryptomonnaies elles-mêmes, se sent particulièrement concerné par la course technologique entre la Chine et les Etats-Unis.
Il va même jusqu’à souhaiter une réglementation qui rende plus difficiles les investissements chinois aux Etats-Unis, et préconise aussi de restreindre les investissements des Etats-Unis en Chine.
D’abord interrogé sur la monnaie numérique émise par la banque centrale de Chine (CBDC) et sur la possibilité qu’elle menace le statut du billet vert en tant que monnaie de réserve mondiale, l'homme d'affaires balaye cette hypothèse en expliquant qu’une monnaie interne en Chine ne représenterait guère plus qu'une «sorte de dispositif de mesure totalitaire.»
En revanche, il se montre préoccupé par la volonté, selon lui, de Pékin de remplacer le dollar dans les échanges commerciaux mondiaux et explique : «La Chine n'aime pas que les Etats-Unis aient cette monnaie de réserve, car cela donne beaucoup de poids sur les chaînes d'approvisionnement pétrolières et toutes sortes de choses comme ça.»
Il évoque aussi des tentatives menées par Pékin ces dernières années afin de libeller les transactions pétrolières en euros : «Je pense que l'euro, vous pouvez le considérer comme faisant partie d'une arme chinoise contre le dollar – la dernière décennie n'a pas vraiment fonctionné de cette façon, mais la Chine aurait aimé voir deux devises de réserve, comme l'euro [en plus du dollar].»
Le Nixon Seminar on conservative realism and national security, auquel a participé Peter Thiel, se présente comme une «réunion mensuelle d’hommes d’Etat chevronnés et de spécialistes émergents de divers aspects de la concurrence des grandes puissances et de la sécurité nationale américaine, pour discuter de questions d’importance actuelle et continue pour les intérêts de la nation [Etats-Unis] à l’étranger».
Il est désormais co-présidé par Mike Pompeo, l'ancien secrétaire d'Etat de Donald Trump et Robert C. O’Brien, ancien conseiller à la sécurité nationale de la même administration.