Economie

L'UE ne devrait pas retrouver son niveau d’activité de 2019 avant 2022

La pandémie a plongé l’économie européenne dans une récession sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. La Commission européenne envisage un rebond dès l’été mais des incertitudes demeurent.

La Commission européenne a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour l'économie européenne en 2021, prenant acte du renforcement des mesures restrictives prises face à la pandémie, mais elle table sur un rebond plus fort que prévu dès l'été grâce aux vaccins.

«La situation économique reste difficile cet hiver [...], cependant la lumière apparaît désormais au bout du tunnel», a résumé le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni, lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 11 février. Concernant les 19 pays de la zone euro, la Commission table désormais sur 3,8% de croissance économique en 2021 (contre 4,2% anticipé jusqu'ici), après la chute historique de -6,8% en 2020.

En revanche en 2022, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) atteindrait de nouveau 3,8%, soit une nette amélioration par rapport aux 3% pronostiqués en novembre. Pour l'ensemble de l'UE à 27, les prévisions chiffrées suivent la même tendance. Bruxelles prévoit une croissance de 3,7% en 2021 (contre 4,1% espéré précédemment), puis 3,9% en 2022 (contre 3%).

Bruxelles justifie l'assombrissement conjoncturel des dernières semaines par le renforcement des mesures de confinement dans de nombreux Etats membres pour freiner la circulation de variants du coronavirus plus contagieux. Malgré cela, l'arrivée progressive des vaccins fonde les espoirs d’un rebond à partir de l'été. Ainsi, Paolo Gentiloni estime que l'économie de l'UE devrait retrouver son niveau de 2019 au deuxième trimestre 2022.

Incertitude et risques «très élevés»

«L'incertitude et les risques restent très élevés», a néanmoins concédé le commissaire européen, évoquant l'importance des campagnes de vaccination. Il a également souligné que le rythme de la reprise allait varier de façon significative selon les pays. Certains ont en effet été plus touchés par la pandémie ou ont une économie qui dépend davantage du tourisme comme l'Espagne, le Portugal et la Grèce.

Pour la France, Bruxelles prévoit un rebond de 5,5% en 2021, puis 4,4% en 2022, après une chute de l’activité de -8,3% l'an dernier. Pour l'Allemagne, première économie européenne, la Commission attend une hausse du PIB de respectivement de 3,2% puis 3,1%, après une baisse de 5%.

Paolo Gentiloni a ajouté qu'une bonne surprise n'était pas à exclure dans la mesure où ces chiffres ne tiennent pas compte du fonds de relance de 750 milliards d'euros dont les premiers versements sont attendus au deuxième semestre. Ils intègrent en revanche un impact du Brexit de 0,5 point de croissance d'ici à fin 2022, moindre que prévu, grâce à la conclusion d'un accord commercial entre l'UE et le Royaume-Uni.

Autre motif d'espoir, la résurgence de l'inflation. Elle devrait atteindre 1,4% cette année en zone euro, après seulement 0,3% l'an dernier et plusieurs années de quasi stagnation. Les prix à la consommation ont augmenté en janvier, après cinq mois de recul consécutifs qui ont alimenté l'inquiétude sur la santé de l'économie. L'UE a levé l'an dernier les freins à l'endettement imposés aux Etats membres afin que ces derniers aient les coudées franches pour soutenir leurs économies et combattre les effets récessifs de la pandémie par une hausse de la dépense publique.

Mais cette mesure est temporaire et devrait être levée une fois la reprise économique bien installée. A ce sujet, Paolo Gentiloni a annoncé une décision «dans les prochaines semaines, au printemps». «Ce que montrent clairement nos prévisions est que nos difficultés économiques ne s'arrêteront pas le 31 décembre de cette année », a-t-il conclu.