Economie

Bousculée par les boursicoteurs «justiciers», Wall Street clôt sa pire semaine en trois mois

La Bourse de New York, victime d'une grande volatilité, a conclu le 28 janvier 2021 sa pire semaine depuis trois mois, ébranlée par la fronde de boursicoteurs «justiciers» contre des fonds spéculatifs forcés de vendre pour couvrir leurs pertes.

Selon des résultats définitifs à la clôture le 28 janvier, l'indice Dow Jones a perdu 2,03%, repassant sous la barre des 30 000 points à 29 982,62 points. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a lâché 2% à 13 070,69 points et le S&P 500 a abandonné 1,93% à 3 714,24 points. Sur la semaine, les trois indices ont accusé des pertes de 3,27% pour le Dow Jones, 3,48% pour le Nasdaq et 3,31% pour le S&P. 

Tout tourne autour de Robinhood, de GameStop, etc

«On assiste à une grande réduction du risque. Ces fonds d'investissement font face à des milliards de dollars de pertes, et pour couvrir ces pertes, ils ont dû vendre des actions là où ils avaient des bénéfices et des positions longues», a expliqué à l'AFP Karl Haeling de LBBW, qui affirme qu'il y a eu «une directive générale» chez les hedge-funds pour réduire leurs positions. «Tout tourne autour de Robinhood, de GameStop, etc. Comment les fonds vont-ils s'en sortir maintenant sans créer des pertes alors qu'ils ont encore beaucoup de positions courtes sur d'autres actions ?», s'est interrogé l'analyste.

Les petits boursicoteurs de WallStreetBets contre les grands fonds d'investissement

Des boursicoteurs, se retrouvant notamment sur un forum du site Reddit (le forum WallStreetBets), ont lancé depuis une semaine une bataille féroce contre de grands fonds d'investissement ayant parié à la baisse sur des entreprises peu performantes, comme la chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop ou celle de salles de cinéma AMC, en pratiquant la vente à découvert.

Des courtiers en ligne américains, comme Robinhood et TD Ameritrade, ont décidé d'imposer des limites aux échanges de ces titres depuis le 28 janvier pour juguler la déroute. Ces restrictions des transactions ont provoqué la colère des petits porteurs, mais aussi de responsables politiques américains des deux bords, tandis que le gendarme de la Bourse (SEC), la justice dans certains cas comme au Texas, et même le Congrès vont se pencher sur ces mesures.

Certaines limitations imposées par les plateformes de courtage restaient en place le 29 janvier, mais les transactions avaient repris dans leur ensemble. 

Le titre GameStop a ainsi continué de grimper (+70% à la clôture) à 328,24 dollars le 28 janvier, de même qu'AMC (+54%).

Dans le même temps, les 11 secteurs du S&P 500 ont tous terminé dans le rouge, ceux de l'énergie (-3,39%) et des technologies de l'information (-2,40%) menant le cortège. Les têtes d'affiche habituelles de la technologie ont décliné, de Tesla (-5,02%) à Apple (-3,74%) en passant par Facebook (-2,52%) et Microsoft (-2,92%).

Pour Art Hogan de National Securities cité par l'AFP, d'autres facteurs jouaient à la baisse, notamment le scepticisme de certains élus clés au Congrès face au projet de plan de soutien massif de 1 900 milliards de dollars du président Joe Biden.